(Montréal) Un million de Québécois ont contracté une infection respiratoire dans les deux dernières semaines. « Et ça va continuer d’augmenter », a prévenu mardi le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau.

Ce qu’il faut savoir

  • Pas moins d’un million de Québécois ont contracté une infection respiratoire dans les deux dernières semaines.
  • Avec la hausse des virus respiratoires, la situation est « excessivement difficile » dans le réseau de la santé.
  • Pour désengorger les urgences, le ministre de la Santé, Christian Dubé invite les Québécois à s’auto-soigner à la maison.

La circulation des maladies infectieuses respiratoires poursuit sa tendance à la hausse dans la province. « Même si beaucoup de monde a déjà fait la COVID, il y en a encore qui circule », a déclaré le DBoileau en conférence de presse mardi après-midi. Entre 40 000 et 50 000 personnes contractent la COVID-19 chaque jour dans la province.

Cette augmentation s’explique notamment par la propagation du nouveau variant JN.1. « Ce n’est pas un variant qui est plus dangereux, mais il est beaucoup plus contagieux », précise le DBoileau.

L’influenza A continue également à gagner du terrain, 10,9 % des tests étant positifs. « On est dans une période d’activité modérée, mais qui va s’en aller vers une période d’activité beaucoup plus intense », dit le DBoileau.

De son côté, le virus respiratoire syncytial (VRS) est sur un plateau, mais continue d’avoir un impact sur les hôpitaux pédiatriques, indique le directeur national de santé publique. Le taux de positivité demeure élevé à 10,2 %.

Protéger les tout-petits

À l’approche du temps des Fêtes, le DBoileau invite les personnes malades à rester à la maison et à porter un masque jusqu’à la disparition de leurs symptômes si elles ont des interactions sociales. Il invite également la population, particulièrement les personnes vulnérables, à se faire vacciner contre la COVID-19 et l’influenza.

De son côté, la présidente de l’Association des pédiatres du Québec, la Dre Marie-Claude Roy, appelle les parents à protéger leurs tout-petits.

Un virus chez un enfant ou chez un adulte, ça peut être désagréable et ça peut amener de la fièvre et de l’inconfort. Mais chez un tout petit bébé, ça entraîne plus souvent une hospitalisation.

La Dre Marie-Claude Roy, présidente de l’Association des pédiatres du Québec, en entrevue avec La Presse

À l’approche des rassemblements du temps des Fêtes, elle invite donc les parents de jeunes enfants à éviter les gros rassemblements. « On le sait que c’est une concentration de transmission de virus, puis on peut avoir une tante qui a un rhume et qui est en pleine forme, mais pour le bébé, ça peut se transformer en hospitalisation pour plusieurs jours », dit-elle.

Se soigner à la maison

Avec la circulation des virus respiratoires, les congés des Fêtes et la pénurie de main-d’œuvre, la situation est « excessivement difficile » dans le réseau de la santé, a déclaré mardi le ministre de la Santé, Christian Dubé.

Il a demandé aux Québécois d’éviter les urgences si leur situation ne nécessite pas de soins immédiats.

Il y a une grande proportion des personnes qui consultent dans les urgences qui n’ont pas de problèmes urgents et ne devraient pas se rendre à l’urgence. Il y a des alternatives.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Début décembre, des médecins en pédiatrie avaient également invité les parents à éviter les urgences si leur enfant n’avait pas besoin de soins immédiats. La Dre Laurie Plotnick, directrice médicale des urgences de l’Hôpital de Montréal pour enfants, invitait plutôt les parents à contacter la ligne 811 pour obtenir des conseils ou un rendez-vous médical.

Le ministre Dubé a toutefois souligné mardi que le temps d’attente pour joindre le 811 est plus long qu’à l’habitude. Il invite donc les Québécois à consulter en premier lieu le site quebec.ca pour obtenir des conseils pour se soigner à la maison.

La situation se détériore

La situation dans les urgences est « très difficile » depuis les quatre à six dernières semaines, a indiqué mardi le DGilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec et urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal.

« Il y a beaucoup d’établissements qui sont à 150 % ou 200 % [de taux d’occupation]. Encore aujourd’hui, plus de 1000 Québécois sont sur des civières en attente d’une admission. C’est très difficile de s’occuper des nouveaux patients », dit-il.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Urgences de l’hôpital de l’Hôpital de Montréal pour enfants, le 6 décembre dernier

La situation dans les urgences « s’est détériorée de manière fulgurante », ont dénoncé, la semaine dernière, les chefs d’urgence du Québec. Dans une lettre coup-de-poing adressée au ministre de la Santé, le Regroupement des chefs d’urgence du Québec (RCUQ) déplore que les urgences soient devenues « hors de contrôle ».

L’achalandage élevé dans les urgences n’est pas sans impact pour les patients. Des enquêtes ont été ouvertes après la mort de deux patients dans les urgences bondées de l’hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay, fin novembre. L’un d’eux serait mort dans la salle d’attente, selon des informations recueillies par La Presse. Au moment de ces drames, les urgences de l’hôpital Anna-Laberge étaient fort achalandées. Leur taux d’occupation dépassait les 200 % à certains moments.

Avec Fanny Lévesque et Ariane Lacoursière, La Presse