Seuls 16 % des Québécois se sont fait vacciner depuis octobre contre la COVID-19, et 17,5 % contre l’influenza, qui est cette année la grippe A (H1N1) que redoute toujours la Santé publique. La préoccupation principale des autorités ? Le fait qu’à peine un peu plus d’un Québécois sur deux, chez les 70 ans et plus, se soit fait vacciner.

Le DLuc Boileau, directeur national de santé publique, constate une certaine « fatigue vaccinale » qu’il déplore.

Il n’est plus question de masque, de confinement ou de l’annulation des fêtes de Noël. Il reste que sévit actuellement une triple circulation de virus respiratoires. Les cas de COVID-19 et d’influenza continuent à augmenter. Pour le virus respiratoire syncytial (VRS), le nombre de cas est en légère baisse, mais demeure élevé.

Or, ces jours-ci, à peine 10 000 personnes par jour se font vacciner, et ce, alors que l’influenza de cette année est la grippe A (H1N1) qui a tant inquiété en 2009, rappelle le Dr Boileau.

Et les cas augmentent rapidement. « Il y a un mois, le taux de positivité était de moins de 1 % […] et il est présentement à 7 %. »

En Alberta, poursuit le DBoileau, ce même taux de positivité de l’influenza « est passé de 3 % à 35 % ».

De quel virus la Santé publique s’inquiète-t-elle le plus ? Pour les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques, le DBoileau répond que la COVID-19 aussi bien que l’influenza suscitent des préoccupations.

Pour les enfants, le DBoileau dit s’inquiéter surtout de l’influenza. Il souligne que le vaccin contre ce virus leur est aussi offert, même si la Santé publique n’en fait pas une recommandation formelle.

Quant à la COVID-19, le variant qui risque de s’inviter à Noël est le JN.1.

Près de 5300 cas de COVID-19 ont été enregistrés au cours de la dernière semaine, ce qui représente une hausse de 6 %. La province déplore 71 décès attribués à la COVID-19 au cours de la dernière semaine, soit 10 par jour en moyenne. On compte également 2222 personnes hospitalisées avec ce virus, une donnée relativement stable au cours de la dernière semaine.

« On ne s’attend pas à ce que la COVID baisse au cours des prochaines semaines », indique le DBoileau.

Certes, « ce n’est pas une maladie grave pour la plupart de ceux qui la contractent ». Un mal de gorge, une toux, le nez qui coule, une fatigue, des douleurs musculaires, des maux de tête, une fièvre : telles sont ses manifestations, qui durent environ une semaine, « avec une fatigue latente qui perdure pendant deux semaines », précise le DBoileau.

Mais encore une fois, outre les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques, ce qui l’inquiète, ce sont les personnes de 70 ans et plus, qui demeurent particulièrement vulnérables.

La Santé publique estime que de 5 % à 10 % des Québécois n’ont jamais eu la COVID-19. Mais selon des données datant du milieu de l’été, souligne le DBoileau, « environ 23 % des gens de 70 ans et plus ne l’ont jamais eue ».

Ils sont donc particulièrement à risque, tout en étant beaucoup moins enclins que lors des premières vagues à se faire vacciner. Lors de précédentes campagnes de vaccination, jusqu’à 90 % des gens de 70 ans et plus s’étaient fait vacciner, loin, très loin des taux actuels de 52 % à 55 % dans cette tranche d’âge (56,2 % des 70 ans et plus ont reçu le vaccin contre l’influenza).

Peut-être craignent-ils les effets combinés de plusieurs vaccins ? Ou ont-ils l’impression d’être déjà protégés par des vaccins reçus ces dernières années ? Il ne le faudrait pas, selon le DBoileau. Les recherches n’indiquent aucun danger à l’accumulation de vaccins contre la COVID-19, tous les 8 à 12 mois environ, explique le directeur national de santé publique. Et si les « vieux » vaccins offrent une certaine protection, elle s’estompe avec le temps.

Et oui, on peut attraper la COVID-19 même si on s’est fait vacciner, mais l’important, c’est que le vaccin nous protège davantage contre les formes graves de la maladie, celles qui peuvent mener à une hospitalisation, rappelle le Dr Boileau.

Il aimerait aussi voir le personnel de la santé – qui demeure particulièrement exposé – se faire vacciner davantage. Son taux de vaccination (16,2 % pour la COVID-19, 18,8 % pour l’influenza) est semblable à celui de la population générale.

Noël approche et le DBoileau espère que les gens qui ressentiront des symptômes resteront à la maison, tout particulièrement si de tout petits bébés viennent de naître dans la famille.