Pendant que la France, le Danemark et la Chine signalent une hausse des cas de maladies respiratoires liées à la bactérie Mycoplasma pneumoniae, le Canada reste dans l’ombre : l’Agence de la santé publique ne mène pas de surveillance de ces infections.

Ce qu’il faut savoir

Ni l’Agence de la santé publique fédérale ni le ministère de la Santé du Québec ne suivent les cas d’infections à la bactérie Mycoplasma pneumoniae.

Les cas de ces infections sont en hausse dans plusieurs pays du monde, notamment en France, au Danemark et en Chine.

La plupart des gens infectés se rétablissent sans traitement, mais certaines personnes peuvent avoir besoin d’antibiotiques.

Les jeunes adultes et les enfants d’âge scolaire sont les plus touchés.

« L’Agence de la santé publique du Canada n’effectue pas de surveillance propre aux infections à M. pneumoniae au Canada », a déclaré la conseillère principale des relations avec les médias, Anna Maddison, en réponse à la demande de La Presse.

Même son de cloche au Québec : l’infection à la bactérie Mycoplasma pneumoniae n’est pas une maladie à déclaration obligatoire dans la province. « Ainsi, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’est pas mis au courant des cas associés à ce pathogène », a indiqué Marie-Pierre Blier, des relations avec les médias du MSSS.

Dans l’éventualité où il y aurait une éclosion causée par cette bactérie représentant une menace à la population, elle devrait être signalée aux autorités de santé publique, précise-t-elle.

La bactérie Mycoplasma pneumoniae est une cause fréquente d’infection respiratoire bactérienne. Bien que la plupart des gens se rétablissent sans traitement, les personnes gravement malades peuvent avoir besoin d’antibiotiques, indique l’agence fédérale.

« Mycoplasma pneumoniae ne se trouve pas sur la liste des maladies à déclaration obligatoire, parce qu’ils ont peut-être la mauvaise perception que c’est une infection qui n’est pas grave. […] Avec ce qu’on voit ailleurs au monde, il faut avoir une méthode de surveillance », estime le DDonald Vinh, infectiologue et microbiologiste du Centre universitaire de santé McGill.

Augmentation ailleurs dans le monde

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est inquiétée le 22 novembre dernier d’une hausse des cas de maladies respiratoires en Chine et a demandé aux autorités chinoises des informations plus détaillées, appelant la population à mieux se protéger. Les autorités chinoises ont attribué cette hausse à la levée des restrictions liées à la COVID-19 et à la circulation de divers agents pathogènes, dont la bactérie Mycoplasma pneumoniae.

Les autorités sanitaires françaises ont également signalé une « recrudescence inhabituelle de cas d’infections respiratoires » à la bactérie Mycoplasma pneumoniae.

L’immense majorité des infections sont bénignes et guérissent spontanément, mais certains cas peuvent nécessiter une hospitalisation, a indiqué la direction générale de la Santé.

Par ailleurs, les infections à Mycoplasma pneumoniae ont atteint le niveau épidémique au Danemark, avec une augmentation qui a commencé au cours de l’été, mais qui s’est accrue de manière importante au cours des cinq dernières semaines, a indiqué cette semaine le Statens Serum Institut du Danemark, qui prévient et contrôle les maladies infectieuses.

Les éclosions associées à cette bactérie ont tendance à survenir à la fin de l’été et au début de l’automne. Quand on sait que les épidémies peuvent se produire tous les trois à cinq ans, « ce qu’on voit ailleurs dans le monde, ce n’est pas hors de l’ordinaire », explique le DVinh.

Enfants et jeunes adultes plus touchés

Les infections à Mycoplasma pneumoniae peuvent toucher n’importe qui, mais sont plus fréquentes chez les jeunes adultes et les enfants d’âge scolaire, indique l’Agence de la santé publique du Canada. Les éclosions se manifestent principalement dans des endroits où les contacts sont rapprochés comme les écoles, les résidences étudiantes, les établissements de soins de longue durée et les hôpitaux.

Chez les enfants de moins de 5 ans, les infections peuvent se manifester par un écoulement nasal, une respiration sifflante, de la diarrhée et des vomissements, sans nécessairement entraîner de pneumonie ni de fièvre.

L’évolution vers la pneumonie est toutefois fréquente chez les jeunes de 5 à 15 ans, indique le MSSS.

« On sait qu’il y a certaines personnes chez qui la pneumonie peut engendrer une insuffisance respiratoire et, dans des cas plus rares, ça peut sortir des poumons et affecter le cerveau, donc c’est assez important », dit le DVinh.

Des tests sont disponibles pour les professionnels de la santé du Québec, afin de dépister ce pathogène, indique le MSSS.

Avec l’Agence France-Presse