Il est passé comme un tsunami l’automne dernier, terrassant bébés et personnes âgées. Cette semaine, les États-Unis ont approuvé une arme importante et très attendue dans ce combat contre le virus respiratoire syncytial (VRS) : un premier vaccin.

Qu’est-ce que le « virus respiratoire syncytial » (VRS) ?

Rappelez-vous les manchettes de l’automne dernier. À partir de la fin d’octobre, le taux d’occupation des urgences des hôpitaux pédiatriques s’est mis à monter en flèche. Début novembre, il dépassait même 200 % à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Le même phénomène s’observait ailleurs dans le monde. Et partout, le même coupable : le virus respiratoire syncytial, un virus très contagieux qui attaque normalement les bronches des enfants pour la première fois avant l’âge de 2 ans.

En raison des barrières sanitaires pour limiter la transmission de la COVID-19, le VRS a très peu circulé entre 2020 et 2022. Quand la circulation a repris à la fin de 2022, un grand nombre de tout-petits n’y avaient donc jamais été exposés, et ils ont de fait été plus nombreux à devoir être hospitalisés (environ 1 % des enfants vont être hospitalisés dans leur première année de vie à cause du VRS). Le VRS est la première cause d’hospitalisation chez les enfants, bien avant la grippe ou les autres virus respiratoires.

Le VRS s’attaque-t-il seulement aux enfants ?

Non, mais les enfants en bas âge, et surtout les bébés, sont plus vulnérables aux complications. Avec ses petites voies respiratoires, un jeune enfant est moins bien équipé pour expulser les sécrétions générées par l’infection. Celle-ci peut alors dégénérer en bronchiolite.

Si le système immunitaire développe des anticorps à la suite d’une infection, cette protection ne dure pas éternellement. Plus on avance en âge, plus le VRS redevient une préoccupation. Les personnes âgées sont donc également vulnérables aux complications causées par l’infection.

Comment se protéger contre le VRS ?

À part les mesures sanitaires de base (se laver les mains, tousser dans son coude, alouette…), la pharmacie n’offre pas encore beaucoup d’options pour prévenir une infection au VRS. Un médicament (le palivizumab) est déjà offert pour prévenir les cas graves du VRS chez certains nourrissons et enfants à haut risque. Un second (le nirsevimab), approuvé fin avril, s’adresse aussi aux nouveau-nés et nourrissons. Les deux médicaments sont des anticorps monoclonaux administrés par injection. D’autres médicaments du genre attendent aussi un sceau d’approbation avant d’être commercialisés.

Qu’en est-il des vaccins contre le VRS ?

Il en aura fallu, du temps, pour mettre en seringue une potion capable de cibler le point faible du virus. « La recherche a débuté dans les années 1960, mais a été confrontée à des enjeux d’efficacité et de sécurité », explique le DNicholas Brousseau, spécialiste de la médecine préventive à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Cette semaine, aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a approuvé un premier vaccin pour protéger contre le VRS. Le vaccin Arexvy, développé par la société pharmaceutique GSK, s’adresse aux personnes âgées de 60 ans et plus. Selon la société, le vaccin pourrait être offert aux Américains avant le retour du virus à l’automne – des « millions de doses sont prêtes à être distribuées », affirme GSK.

La demande pour l’approbation du vaccin Arexvy a été déposée à Santé Canada. « On peut s’attendre à ce qu’il soit approuvé prochainement », estime le DBrousseau, qui se garde néanmoins de promettre sa disponibilité à toute la population ciblée d’ici la fin de l’année. « Une étude est d’ailleurs en cours auprès des aînés pour comprendre quelles sont les personnes les plus affectées par le VRS. »

Un vaccin sera-t-il développé pour protéger les enfants ?

Oui, mais indirectement. En avril dernier, la pharmaceutique Pfizer a déposé sa demande d’approbation à Santé Canada pour son propre vaccin contre le VRS. Celui-ci s’adresse particulièrement aux femmes enceintes. « Les anticorps développés par la mère sont transférés au fœtus », indique le DBrousseau. Le bébé naît donc avec une protection contre le VRS qui, même si elle dure environ six mois, lui permettra au moins de franchir la période où il est le plus vulnérable en début de vie.

« Des études de stade 3 sont en cours pour un vaccin à administrer aux enfants », précise la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre et infectiologue au CHU Sainte-Justine. « Mais ce ne sera pas pour cette année ni pour l’an prochain. » En attendant, la saison 2023-2024 du VRS devrait être un peu moins intense que la saison dernière, croit la spécialiste. La disponibilité de nouveaux anticorps monoclonaux aidera à mieux protéger les enfants à risque. « Et les enfants qui ont eu le VRS ont maintenant une certaine immunité. S’ils le rattrapent, ils ne devraient pas être aussi nombreux à être aussi malades qu’ils l’ont été. »