Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé lundi des allègements au système d’attribution de postes en médecine familiale. Des mesures qui visent à faciliter l’établissement de nouveaux omnipraticiens en région alors que cette spécialité suscite peu d’enthousiasme chez les étudiants.

En conférence de presse à l’Université du Québec à Rimouski, le ministre a dévoilé des assouplissements aux plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM) afin d’aider les régions à attirer davantage de médecins de famille.

Ces PREM imposent une forme de quotas aux régions dans le but de répartir les nouveaux médecins de manière équitable, selon les besoins. Or, si l’objectif demeure « bon » aux yeux du ministre, celui-ci concède que le processus s’est embourbé au fil du temps.

Le ministre a reconnu qu’il était « important de changer notre façon de travailler » pour rendre la médecine familiale plus attractive. Pour ce faire, Christian Dubé dit avoir longuement écouté les associations d’étudiants en médecine ainsi que la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

Il propose d’abord d’accorder plus d’autonomie aux départements régionaux de médecine générale afin de répartir leurs postes disponibles en fonction de leurs priorités locales. Par voie de communiqué, le ministre insiste sur son désir de « ramener la prise de décision sur le terrain, dans les régions ».

Dans la foulée, le ministère de la Santé et des Services sociaux a également fait part de sa volonté d’attribuer les activités médicales particulières (AMP), auxquelles doit s’engager un médecin de famille, dès la confirmation de son embauche dans une région donnée.

En parallèle de leur pratique en clinique, les médecins de famille doivent effectuer des quarts de garde dans les urgences ou dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée notamment. Ces AMP sont souvent attribuées après l’arrivée du médecin dans une région. On souhaite dorénavant que ces tâches fassent l’objet d’une entente préalable.

Cette nouvelle approche devrait permettre aux nouveaux médecins de choisir la région où ils veulent s’établir en fonction de leurs intérêts, selon les AMP proposées.

De plus, un nouvel outil en ligne serait sur le point d’être lancé pour regrouper les offres d’emploi en médecine familiale dans l’ensemble des régions. Les nouveaux médecins pourront ainsi mieux évaluer les postes offerts en fonction des tâches qui sont requises. Cet outil devrait éventuellement être disponible aussi pour les médecins spécialistes.

En entrevue à La Presse Canadienne, la présidente de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), la Dre Jessica Ruel-Laliberté, a salué la volonté du ministre de simplifier le processus devenu très lourd pour un candidat aspirant à une carrière en médecine familiale.

« La position officielle de nos membres, c’est qu’ils veulent un processus qui est plus simple. [Actuellement], c’est un processus qui prend plusieurs étapes, qui est ardu et difficile à comprendre », explique-t-elle. La Dre Ruel-Laliberté demeure tout de même prudente et dit espérer que les changements seront appliqués dès cet automne.

La FMRQ voudrait aussi que les candidats puissent soumettre des demandes dans plus d’une région dès le premier tour lors de l’annonce des postes disponibles. Aucune annonce n’a encore eu lieu en ce sens.

Loin d’être suffisant

Du point de vue de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), ces allègements sont bien loin d’être suffisants pour rendre la médecine de famille attirante. Son président, le Dr Marc-André Amyot, rappelle avoir transmis une vingtaine de pistes de solutions au ministre.

D’ailleurs, le faible intérêt démontré par les résidents s’est une fois de plus manifesté dans les résultats du second tour dévoilés récemment par le service canadien de jumelage des résidents (CARMS).

Ce sont finalement 67 places de formation en médecine de famille au Québec qui sont demeurées vacantes. À la suite du premier tour, on dénombrait 99 places vacantes. La deuxième ronde aura permis d’en combler moins d’une trentaine.

« C’est encore catastrophique ! », s’insurge le Dr Amyot. « C’est combien en spécialités ? Zéro ! », poursuit-il en soulignant que ce nombre est plus élevé que toutes les autres provinces canadiennes réunies. D’après les données du CARMS, ce sont 27 places qui demeurent non comblées dans les autres universités canadiennes, plus six places de l’Université de Sherbrooke dédiées à la région de Moncton au Nouveau-Brunswick.

Selon le Dr Amyot, la clé reste la valorisation de la profession et la favorisation de candidatures en provenance des régions éloignées. La FMOQ plaide pour l’octroi de places dans les facultés de médecine à des candidats de diverses régions, puis de leur offrir des stages dans leur région et finalement de leur offrir des bourses d’études assorties d’engagement à retourner pratiquer dans leur patelin.

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