Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal interdira dès vendredi aux infirmières de faire des sit-in sous peine d’importantes sanctions. Une mesure qui nuira aux patients et à la rétention de personnel, soutient un syndicat.

Aucun sit-in ne sera toléré à partir du 5 mai dans les secteurs hospitaliers pour les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes, a déclaré l’équipe du service des relations de travail dans une infolettre transmise aux employés. L’administration souhaite ainsi éviter « que les services auxquels la population a droit » soient compromis.

« Si un sit-in survient, nous allons interpeller le Tribunal administratif du travail qui a le pouvoir d’intervenir. Tout d’abord en conciliation, puis pour ordonner le retour au travail du personnel sous peine d’outrage au tribunal », peut-on y lire.

L’administration évaluera au cas par cas la possibilité d’instaurer d’autres mesures administratives, disciplinaires, légales et déontologiques à toute personne participant à un sit-in. Aucune heure en sit-in ne sera payée et le code GRÈVE, qui est pénalisant pour l’accès à plusieurs primes, sera indiqué à l’horaire.

Des infirmières choquées

« On a été choqués. L’employeur paraît vraiment condescendant. Ça s’apparente à une forme de menace ou de chantage qu’ils ont utilisée pour faire craindre des représailles aux employés et les empêcher de manifester », a déclaré à La Presse le président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Denis Cloutier.

Les sit-in surviennent de façon ponctuelle, principalement lors d’un changement de quart de travail aux urgences. Ils permettent aux infirmières de protester contre la surcharge de travail et le manque d’employés les empêchant d’offrir des soins sécuritaires aux patients. Les sit-in durent généralement de quelques minutes à quelques heures.

« C’est toujours un cri du cœur des professionnels qui agissent pour le bien de leurs patients », explique M. Cloutier. « Les professionnelles en soins ont à cœur la santé de leurs patients et n’ont pas la volonté de les laisser sans soin. Si elles vont jusqu’à manifester en restant assises, c’est parce qu’elles considèrent que les soins sont trop précaires. »

Nuire à la rétention

Le président du syndicat craint que l’attitude des gestionnaires nuise à la rétention de personnel. « Ça nous fait craindre le pire. On a peur qu’il y en ait encore plus qui partent », dit-il.

Il dénonce la surcharge de travail et les ratios trop élevés de patients par infirmière. « Une infirmière à l’urgence de Santa-Cabrini ou Maisonneuve-Rosemont peut se retrouver parfois avec une quinzaine de patients sous sa responsabilité. Ce sont des chiffres qui n’ont aucun sens si on compare avec les bonnes pratiques […] où des infirmières en ont 4 ou 5 », dit-il.

Il a toutefois noté une baisse du temps supplémentaire obligatoire (TSO) depuis la crise des urgences à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont au début de l’année. En janvier, les infirmières du quart de soir de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont ont refusé un plan de contingence imposé par la gestion de l’hôpital qui voulait les faire travailler en équipe réduite et on fait un sit-in. Ce plan, à leur sens, mettait la santé et la sécurité des patients en danger.