(Montréal) Près d’un an après avoir dévoilé sa politique sur le système préhospitalier d’urgence, Québec s’apprête à déployer de nouveaux projets pilotes de paramédecine communautaire dans plusieurs régions. Un appel de projets doit être lancé sous peu, a révélé le directeur médical national des services préhospitaliers d’urgence, le Dr Alexandre Messier.

Lors d’une conférence tenue vendredi matin dans le cadre du colloque Première ligne, au Palais des congrès de Montréal, le Dr Messier a mentionné qu’un appel de projets était imminent afin de connaître l’intérêt des divers CISSS et CIUSSS à accueillir un projet pilote alliant paramédecine de régulation et paramédecine communautaire.

En juin 2022, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait déjà fait part de son intention « d’utiliser l’ensemble des compétences des techniciens ambulanciers paramédicaux » dans le but d’améliorer la fluidité du système de santé et de désengorger les urgences.

La paramédecine de régulation consiste à permettre aux paramédicaux d’évaluer le patient, en collaboration avec une infirmière à distance, afin de l’orienter vers le bon service. « Il faut se défaire du réflexe qu’un appel veut dire un transport à l’urgence », a souligné le Dr Messier lors de la conférence portant sur l’avenir des services préhospitaliers.

Dans le cas de la paramédecine communautaire, on fait un pas de plus en élargissant la capacité d’intervention des paramédicaux auprès des patients. On pourrait notamment leur demander de faire des suivis médicaux à domicile en effectuant de la vérification des signes vitaux, de prise de médication, d’évaluation de besoins et de prévention.

Les techniciens ambulanciers paramédicaux (TAP) pourraient même être mis à profit en procédant à des prélèvements à domicile ou à l’intérieur de cliniques.

Cette capacité de maintenir un lien à domicile avec le patient permet non seulement d’éviter des déplacements à l’urgence, mais aussi de libérer plus rapidement des lits dans les hôpitaux.

« Souvent, le médecin a envie de donner un congé à son patient, mais il a une petite hésitation. Il veut être sûr et il finit par le garder un 24 heures de plus », a donné en exemple le Dr Messier. Or, s’il sait que le patient va avoir un suivi de son état par un TAP, il peut donner un congé hâtif à son patient.

Exemple de l’Ontario

Ce type d’intervention est déjà courant dans la province voisine, où l’on retrouve notamment des normes de « soins avancés » prodigués par des TAP qualifiés en la matière. Ils peuvent ainsi « en faire un peu plus pour le patient », a expliqué le directeur adjoint des services paramédicaux du comté de Renfrew, Mathieu Grenier.

Il a décrit le rôle de ces intervenants en paramédecine communautaire comme des experts dans l’orientation du patient vers le bon professionnel pour répondre à son besoin. Ils sont parfois intégrés dans des cliniques de médecine familiale et peuvent facilement mettre le patient en lien avec un omnipraticien, mais aussi avec un physiothérapeute ou un travailleur social selon le besoin.

Ce qui freine l’élan au Québec, selon le Dr Messier, c’est notamment la rigidité des règles encadrant les actes réservés en santé. En dehors de leur ambulance, la marge de manœuvre des techniciens ambulanciers paramédicaux est légalement très limitée. La création en cours d’un ordre des TAP devrait faciliter l’intégration de cette nouvelle pratique.

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