La pandémie de COVID-19 a ralenti les efforts pour éliminer la tuberculose chez les Inuits, si bien que les objectifs d’éradication de la maladie risquent de ne pas être atteints dans les temps.

Il y a cinq ans, Ottawa et l’organisme Inuit Tapiriit Kanatami ont annoncé un plan pour réduire de moitié le taux de tuberculose active chez les Inuits d’ici 2025, et d’éliminer la maladie d’ici 2030.

L’Inuit Nunangat, soit le territoire habité par les Inuits, inclut plus de 50 communautés au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Québec et au Labrador.

Entre 2019 et 2020, le taux de tuberculose a chuté chez les Inuits, passant de 188,7 à 72,2 cas sur 100 000. Des responsables de la santé ont toutefois indiqué que cette apparente amélioration était en partie due au nombre plus réduit de tests de dépistage.

Services aux Autochtones Canada dit qu’en 2021, le taux est remonté à 135,1.

La Régie nationale de la santé et des services sociaux du Nunavik, au Québec, affirme que les tests de dépistages ont repris dans les communautés de la région. Elle dit travailler à améliorer ses services, entre autres en recrutant des responsables de la santé locaux. Depuis janvier, un vaccin protégeant les jeunes enfants des complications liées à la tuberculose est disponible dans toutes les communautés du Nunavik.

Le Nunavut est lui aussi en train de regagner le terrain perdu, selon le ministre de la Santé John Main. Mais de là à savoir si les objectifs de 2025 et de 2030 seront atteints, « telle est la question ».

« En ce moment, je ne peux l’affirmer, mais cela ne va certainement pas nous empêcher de faire tout ce que nous pouvons », explique-t-il.

Alors que le risque de contracter la tuberculose est faible au Canada, il était 300 fois plus grand chez les Inuits que chez les Allochtones entre 2015 et 2019, selon Services aux Autochtones Canada.

Les difficultés à obtenir des services de santé, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les logements surpeuplés avec de la mauvaise ventilation font partie des facteurs contribuant à ce taux disproportionné. Le ministre Main cite de son côté le manque de personnel et d’infrastructures de santé.

Le dernier budget fédéral a prévu une enveloppe de 16,2 millions sur trois ans pour combattre la tuberculose dans les communautés inuites. Selon l’Inuit Tapiriit Kanatami, cela ne couvre que le quart des besoins.

« Ce modeste investissement dans la santé des Inuits ne répond pas à notre engagement commun avec le gouvernement du Canada d’éliminer la tuberculose dans l’Inuit Nunangat d’ici 2030 […], mais nous demeurons optimistes quant à la possibilité que les futurs budgets fédéraux débloquent les fonds nécessaires pour honorer cet engagement », a déclaré le président de l’organisme, Natan Obed, dans un communiqué.

Une étude publiée dans la revue scientifique Infectious Disease Modelling en décembre a suggéré qu’avec les mesures déployées jusqu’à présent, les objectifs de 2025 et de 2030 sont tous deux inatteignables.

L’étude a identifié des facteurs comme les retards dans la détection de la maladie, l’accès limité à un diagnostic, le manque de ressources pour le suivi des contacts par enquête épidémiologique et les difficultés à obtenir rapidement un traitement.

La ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a affirmé que l’approche budgétaire est « graduelle, mais aussi substantielle » et est accompagnée d’autres investissements tels que les transferts aux provinces et territoires.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.