Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, qualifie de « troublants » et d’« inacceptables » les détails entourant le décès d’une femme de 86 ans dans des urgences, la semaine dernière.

C’est TVA Nouvelles qui a d’abord rapporté le témoignage de la famille de Gilberte Gosselin, morte aux urgences de l’Hôtel-Dieu de Lévis le 23 février dernier.

Selon les proches, l’octogénaire a été laissée pour morte dans un couloir des urgences et elle avait passé près de 48 heures sans boire ni manger avant de mourir.

Au cabinet du ministre Dubé, on assure avoir demandé des explications au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, qui supervise cet hôpital de Lévis, sur la Rive-Sud de Québec.

PHOTO FOURNIE/LA PRESSE CANADIENNE

Gilberte Gosselin

Le CISSS a affirmé que l’hôpital connaissait à ce moment-là une surcharge de patients, tant aux urgences que dans les unités de soins.

« Nous avons reçu des usagers vraiment malades, avec entre 30 et 40 personnes hospitalisées aux urgences en attente d’être montées aux étages et entre 48 et 68 patients au total sur civière pendant cette période. Nous avons même ouvert nos lits de débordement », a expliqué par courriel la relationniste au CISSS de Chaudière-Appalaches, Mireille Gaudreau.

Un coroner a été chargé d’enquêter sur les circonstances entourant le décès de Mme Gosselin. Le CISSS a déclaré que le service de gestion des risques et le commissaire aux plaintes enquêteraient également à l’interne.

Au cabinet du ministre Dubé, on indique que le ministère de la Santé se penchera également sur les soins reçus par Mme Gosselin, ajoutant que « des situations comme celle-ci ne doivent pas se produire ».

Un système « brisé »

Gilberte Gosselin a été admise à l’Hôtel-Dieu de Lévis pour une fracture de la hanche le 21 février, a indiqué sa petite-fille, Véronique Labonté, en entrevue jeudi.

Véronique Labonté, qui, avec sa mère Sylvie Berthiaume, était au chevet de sa grand-mère, a déclaré que le système de santé québécois est « brisé » et que les patients en paient le prix.

Elle a dit vouloir que les responsables admettent qu’il n’est pas normal que sa grand-mère ait vécu une telle situation, et que cela n’aurait pas dû arriver et que cela ne se reproduira plus.

Mme Berthiaume a été traumatisée après avoir été laissée seule avec sa mère morte pendant une heure après sa mort, a confié Véronique Labonté.

Après avoir subi des tests à l’hôpital le 21 février, Mme Gosselin a appris qu’elle avait besoin d’une intervention chirurgicale. Le lendemain, son état s’était détérioré au point que la chirurgie n’était plus une option, a dit Véronique Labonté.

Un second médecin, a-t-elle dit, a demandé à ce que Mme Gosselin soit transférée dans une chambre pour recevoir des soins de fin de vie. Mais Mme Gosselin n’a jamais été transférée, a dit sa petite-fille en entrevue.

Au lieu de cela, Mme Gosselin est restée dans le couloir des urgences, où elle morte jeudi matin.

Véronique Labonté a déclaré que la famille avait demandé de la nourriture pour sa grand-mère, mais qu’on lui avait dit que son état s’était tellement détérioré qu’elle ne pouvait plus manger.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.