Le demi de sûreté Damar Hamlin aurait été victime d’un « commotio cordis » lorsqu’il s’est effondré lundi durant le match opposant les Bills de Buffalo aux Bengals de Cincinnati, selon l’hypothèse avancée mardi par de nombreux médecins. L’urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal, Alain Vadboncœur, démystifie ce phénomène.

Un coup en cause

Aussi connue sous le nom de « commotion cardiaque », il s’agit d’une réaction qui peut exceptionnellement se produire lorsqu’un individu reçoit un choc au niveau du cœur au mauvais moment du cycle cardiaque, provoquant son arrêt spontané. Plutôt rare, ce phénomène peut se produire au baseball, par exemple, lorsqu’une balle atteint le thorax d’un joueur. Dans le cas de Damar Hamlin, le coup se serait produit lorsqu’il a effectué un plaqué de routine sur le receveur de passes des Bengals Tee Higgins. « On sait qu’il y a eu un coup au thorax, on sait qu’il fait un arrêt cardiaque après, mais est-ce vraiment lié ? Ça a l’air de ça, mais on ne peut pas en être certain à 100 % », dit Alain Vadeboncœur.

Affection préexistante ?

Damar Hamlin avait-il une affection préexistante ? Après tout, les coups violents sont très fréquents au football et des arrêts cardiaques spontanés ne se produisent pourtant pas toutes les semaines. Impossible de le dire pour le moment, dit Alain Vadeboncœur, qui n’exclut toutefois pas cette hypothèse. « Il y a des conditions génétiques, qui sont souvent insoupçonnées, qui font que les cœurs sont plus sensibles aux arythmies, et donc ça, c’est une possibilité, mais on ne sait pas encore », explique l’urgentologue en précisant que le cœur de Damar Hamlin fera fort probablement l’objet de tous les examens nécessaires avant son retour au jeu.

PHOTO SAM GREENE, USA TODAY SPORTS

Les joueurs des Bills de Buffalo, ressemblé autour de Damar Hamlin, alors qu’une ambulance arrive sur le terrain

Quels sont les dommages possibles ?

Un tel arrêt cardiaque fait en sorte que le cerveau ne reçoit plus de sang, et ce, très rapidement, explique Alain Vadeboncœur. Ce serait la raison pour laquelle Damar Hamlin, resté conscient quelques secondes après le choc, s’est effondré peu de temps après. Les conséquences à long terme pour le demi de sûreté restent à déterminer. Il a reçu rapidement des traitements médicaux sur la pelouse du stade, pendant une vingtaine de minutes, avant d’être transporté d’urgence vers un hôpital du secteur.

S’en remettra-t-il ?

Mardi soir, Damar Hamlin se trouvait toujours dans un coma artificiel et son état était jugé critique, selon ce qu’ont indiqué les Bills de Buffalo. « Jusqu’à quel point le cerveau a subi des dommages, irréversibles ou non ? Plein de gens vont s’en sortir sans aucune séquelle et dans ce cas-ci, visiblement, l’intervention a été faite très rapidement », indique le DVadeboncœur. Le délai entre l’arrêt cardiaque et la réanimation est critique, car pour chaque seconde où le cerveau est privé de sang, le risque de subir des dommages irréversibles augmente, indique Alain Vadeboncœur. « Au-delà de 10 ou 15 minutes, ça commence à être long. Les autres organes sont très résistants à ce genre de chose, mais le cerveau, lui, souffre immédiatement », dit-il.

Phénomène rare et grande malchance

Selon Alain Vadeboncœur, les cas de commotio cordis sont extrêmement rares. Au Québec, par exemple, le nombre de cas dans une année « doit se compter sur les doigts des mains ». Selon un article scientifique partagé par l’expert sur Twitter, une trentaine de cas seulement seraient répertoriés chaque année aux États-Unis chez de jeunes athlètes. « Si le coup arrive à tout autre moment, il peut y avoir ou non des lésions physiques, mais aucune arythmie. Il faut donc une grande malchance pour qu’un tel coup provoque effectivement une arythmie », indique l’urgentologue.

Pouvoir agir

Au-delà de l’effroi provoqué par le drame ayant touché Damar Hamlin, cette situation démontre l’importance des cours de réanimation cardiorespiratoire (RCR) afin de pouvoir intervenir dans de telles situations, estime Alain Vadeboncœur. « La RCR sert à acheter les minutes requises pour apporter le défibrillateur automatique, comme il y en a maintenant dans beaucoup d’endroits publics et systématiquement dans ce genre de stade », explique-t-il.