(Toronto) Le gouvernement de l’Ontario a demandé à des milliers de travailleurs de cliniques de médecine familiale de travailler les soirs et les fins de semaine afin d’alléger la pression sur les hôpitaux pour enfants, débordés cet automne.

Dans une note obtenue par La Presse Canadienne, la directrice de la division des soins de première ligne au ministère de la Santé, Nadia Surani, explique que la flambée « difficile et complexe » des maladies respiratoires, prédite par les travailleurs de la santé, s’est finalement matérialisée.

La grippe saisonnière, le virus respiratoire syncytial et la COVID-19 circulent dans toutes les régions de la province, a écrit Mme Surani dans la note envoyée lundi aux équipes de santé familiale.

« Ce scénario contribue aux pressions sur notre système de santé, en particulier dans le secteur pédiatrique, et nous nous attendons à des pressions à haut volume dans notre système de santé maintenant et tout au long de l’hiver. »

« Je vous écris pour faire appel à votre soutien et demander à vos organisations d’offrir, jusqu’à nouvel ordre, des services cliniques 7 jours sur 7, incluant une disponibilité en soirée, pour répondre aux besoins de vos patients. Veuillez aviser vos patients de cette disponibilité afin qu’ils puissent se faire soigner à l’endroit approprié pour leurs problèmes de santé. »

Les hôpitaux pédiatriques de la province reçoivent des patients bien au-delà de leur capacité en raison de la circulation de la grippe saisonnière et du virus respiratoire syncytial. Les salles d’urgence et les unités de soins intensifs des hôpitaux pédiatriques sont débordées.

Les grands hôpitaux pédiatriques ontariens de Toronto, d’Ottawa, de Hamilton et de London ont annulé des chirurgies afin de redéployer le personnel dans des unités de soins intensifs, des services d’urgence et des salles générales.

De nombreuses cliniques à travers la province offrent déjà des heures prolongées pour faire face à l’afflux de patients atteints de maladies respiratoires, a déclaré de son côté l’Association des équipes de santé familiale de l’Ontario, dans une note à ses membres. La note du gouvernement ne constitue pas une directive de travailler sept jours sur sept, précise l’association.

« Lors des discussions avec le ministère, cette note de service n’était pas destinée à être directive ni prescriptive, mais était une demande de communication à vos patients sur la façon d’accéder aux soins, en particulier pour les enfants malades, en mettant l’accent sur la réception des soins par l’intermédiaire de leurs équipes de soins de première ligne, d’abord, afin que vos patients ne viennent pas se faire soigner à l’hôpital s’ils n’en ont pas besoin », écrit l’association.

« On a déjà donné beaucoup »

La note du gouvernement a bouleversé la docteure Michelle Cohen, omnipraticienne qui travaille au sein de l’équipe de santé familiale Lakeview, à Brighton. « À mon avis, nous en avons fait plus que ce qui était normalement demandé, comme pour tous les soins de première ligne et tous les soins de santé, et c’est assez choquant », a déclaré Mme Cohen. Sa clinique ouvre déjà de longues heures, a-t-elle dit, après deux ans et demi de travail sans relâche.

« Ce ne sont pas seulement les hôpitaux pédiatriques qui sont pleins : tout le monde est plein, les soins de première ligne et les soins aigus sont tout simplement inondés d’infections respiratoires. »

Une étude récente de l’Institut canadien d’information sur la santé a révélé que le nombre moyen d’heures supplémentaires pour les travailleurs de la santé à travers le pays était le plus élevé depuis plus d’une décennie.

Une porte-parole de la ministre de la Santé, Sylvia Jones, a indiqué que le gouvernement était reconnaissant envers les travailleurs de la santé pour leur contribution afin de faire face à la flambée actuelle de maladies respiratoires.

« Comme tous les Ontariens n’ont pas accès aux soins de première ligne pour leurs enfants pendant la semaine de travail régulière ou pendant les heures normales de travail, nous avons demandé aux organisations d’étendre leurs services cliniques pour répondre aux besoins des patients, en particulier pour les enfants malades », a souligné Hannah Jensen.

« Cela contribuera à éviter les visites inutiles à l’hôpital et à garder nos services d’urgence disponibles pour ceux qui ont besoin de soins urgents. » Les fournisseurs de soins de première ligne seront indemnisés par le régime public, a précisé Mme Jensen.

La semaine dernière, les unités de soins intensifs pour enfants en Ontario comptaient plus de patients que de lits, selon les données provinciales. Les enfants et les adolescents se rendent également aux urgences à un rythme deux à trois fois plus élevé que d’habitude à cette période de l’année, selon les statistiques.

On a par ailleurs signalé, la semaine dernière, une légère tendance à la baisse chez les enfants qui se sont rendus aux urgences pour des maladies respiratoires.

Santé Ontario, l’agence qui supervise le système de santé de la province, a récemment ordonné aux hôpitaux généraux d’accepter les enfants de 14 ans et plus dans leurs unités de soins intensifs. Il leur a également demandé d’accepter les enfants qui n’ont plus besoin d’être aux soins intensifs, mais qui ne sont pas encore assez bien pour rentrer chez eux.