(Québec) De premiers signes du désengorgement des urgences du Grand Montréal sont attendus d’ici les Fêtes par l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec. Le ministre Christian Dubé s’engage de son côté à publier des « indicateurs » pour que le grand public puisse « mesurer l’amélioration » sur le terrain.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux a demandé aux membres de sa « cellule de crise » de cibler des « indicateurs » pour que la population puisse « mesurer » en quelques clics la progression du désengorgement des urgences du Grand Montréal. Pour l’heure, des informations sont disponibles, notamment sur son fameux tableau de bord interactif, mais elles pourraient être regroupées et simplifiées.

« Ce que je veux maintenant, c’est que les Québécois soient capables de dire : OK, on va suivre tel ou tel indicateur [pour avoir une idée de la situation dans les urgences] », a brièvement indiqué Christian Dubé à sa sortie de la séance du Conseil des ministres, mercredi. Le ministre a promis de « revenir avec un échéancier précis » vers un retour à la normale dans les urgences, qui croulent sous les patients.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le DGilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec

Le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec, le DGilbert Boucher, qui est aussi membre de la « cellule de crise » du ministre Christian Dubé, a affirmé qu’il s’attendait à voir des effets des mesures annoncées mardi – et de celles à venir – d’ici les Fêtes. « On espère que ça va arriver avant Noël », a-t-il indiqué à La Presse, en marge du Congrès scientifique de médecine d’urgence à Québec.

« Il y a des solutions concrètes qui peuvent être [appliquées] sur le terrain, mais il manque beaucoup de personnel, les gens sont fatigués, donc il faut faire attention au réseau aussi. […] On sait qu’on ne retombera pas à un achalandage [des urgences] à 50 % demain matin, mais on veut que nos urgences redeviennent sécuritaires », a-t-il ajouté.

Christian Dubé a d’ailleurs prononcé une allocution mercredi matin devant un parterre d’urgentologues et de médecins réunis au Château Frontenac. L’activité était fermée aux médias.

La veille, M. Dubé avait procédé au dévoilement de trois premières mesures pour désengorger les urgences, dont la création de deux cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées à Montréal, l’achat de lits à l’extérieur du réseau et un retour de la ligne « Un appel, un service », par le 811, pour les soins pédiatriques.

Les choses bougent. C’est sûr qu’on est au début novembre, mais le ministre a été clair qu’il voulait des résultats au cours des prochaines semaines, je pense que tout le monde a compris ça, ce ne sont pas des mesures qui vont nous aider l’été prochain.

Le DGilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec

Entre scepticisme et optimisme

La présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec, la Dre Judy Morris, estime que l’annonce de mardi est « un bon départ », mais qu’il ne faut pas s’arrêter là. Elle espère que le caractère de la crise actuelle pourra, à l’instar de la pandémie, faire bouger le réseau. « Honnêtement, ça ne va tellement pas bien sur le terrain […], il faut faire quelque chose », a-t-elle plaidé.

« Quand tu vis une crise [comme celle-là], ça nous permet de bouger. La COVID nous a montré ça, il faut être aussi agile parce que c’est une crise un peu similaire qu’on vit », a illustré la Dre Morris.

Le taux d’occupation moyen des urgences du Québec est de 119 %, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux, et le temps d’attente sur civière dépasse 18 heures. « Ça fait 10 ans que je pratique et je n’ai jamais vu un taux d’occupation aussi élevé », fait valoir le DSimon Drouin, urgentologue à l’hôpital Notre-Dame, interrogé par La Presse au congrès.

Les spécialistes ont salué la présence du ministre Christian Dubé mercredi et sa volonté de rétablir la situation dans les urgences. « Le fait que [ça va aussi mal] actuellement, on dirait qu’ils [le Ministère et le ministre] sont plus conscients. Est-ce que ça va fonctionner ? Je ne sais pas. Je vais le croire quand je vais le voir », a ajouté le DDrouin. La clé sera dans « l’implantation », selon le DBoucher et la Dre Morris.

Un premier « vrai test », selon QS

Pour Québec solidaire, le ministre Christian Dubé, qui vient d’être reconduit dans ses fonctions, a devant lui un premier « vrai test » avec la crise des urgences. « Tout le monde va être d’accord pour dire qu’il ne l’a pas eue facile quand il est arrivé en pleine pandémie, je suis prêt à lui donner ça. Cela dit, maintenant, il faut se sortir des plans sur papier, des fichiers Excel, et il faut des résultats sur le terrain. C’est le vrai test pour le ministre de la Santé », a affirmé le député solidaire Vincent Marissal.

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Le député solidaire Vincent Marissal

Le porte-parole en matière de santé estime que les mesures annoncées mardi vont dans la bonne direction alors que sa formation proposait justement une utilisation accrue du 811 pour accroître l’accès à la première ligne. M. Marissal dit remarquer aussi que les médecins donnent encore « la chance au coureur » à M. Dubé, ce qui aura un jour ou l’autre une limite.