Plus de dix jours après la visite du ministre de la Santé, Christian Dubé, au Nunavik, la situation reste toujours tendue dans plusieurs villages contraints de n’offrir que des soins d’urgence.

« Les horaires sont toujours des casse-têtes d’allure semblable aux dernières semaines. La Croix-Rouge n’est pas encore arrivée », résume la porte-parole de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, Kathleen Poulin.

Cyril Gabreau, président du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d’Hudson, estime que les équipes de soins du Nord ne « tiennent qu’à un fil, qui est de plus en plus mince ». « Ça devient inhumain, dit-il. On entend depuis des jours qu’il y aura de l’aide. Mais on ne voit pas la lumière au bout du tunnel. Des résultats, il n’y en a pas. »

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on indique qu’« à la suite d’un appel à la convergence de ressources dans les CISSS et les CIUSSS du Québec, sept infirmières ont été retenues pour être déployées en renfort » au Nunavik.

Ces sept infirmières seraient arrivées sur le terrain ou en voie d’arriver au Nunavik.

Robert Maranda, porte-parole du MSSS

Quelques paramédicaux avaient aussi été envoyés en août. Le MSSS reconnaît que « des enjeux de logistique, comme la disponibilité du logement, freinent le déploiement de ressources qui pourraient prêter main-forte » au Nunavik.

Le 10 août, La Presse révélait que devant le manque criant de personnel de la santé qui touchait ses dispensaires, les autorités de santé du Nunavik avaient demandé au gouvernement d’y envoyer l’armée.

Lisez « L’armée réclamée »

Québec avait plutôt promis d’y envoyer « très rapidement » des effectifs médicaux et de signer une entente avec la Croix-Rouge. « Ainsi, nous n’avons pas l’intention de faire appel à l’armée, comme les ressources médicales seront dirigées dans les meilleurs délais », disait le 9 août l’attachée de presse du ministre Dubé, Marjaurie Côté-Boileau.

Le 12 août, le ministre Dubé s’est rendu avec son collègue Ian Lafrenière pour une visite éclair à Puvirnituq, village de la côte de la baie d’Hudson fortement touché par le manque de personnel de santé. « Ça fait plus de dix jours. Et les ressources se font toujours attendre », déplore M. Gabreau.

Une situation critique

Actuellement, cinq des sept villages de la côte de la baie d’Hudson sont toujours dans une « situation problématique », selon M. Gabreau. Le personnel manque à un point tel que seuls les services d’urgence peuvent y être assurés. « À Puvirnituq, il y a une seule infirmière en rôle élargi au lieu de six. Oui, il y a d’autres infirmières pour aider. Mais c’est problématique », note M. Gabreau.

À Akulivik, un médecin a dû être envoyé en renfort d’un autre village tellement la situation est fragile. Et il y a 11 cas de tuberculose actifs dans ce village…

Cyril Gabreau, président du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d’Hudson

Au cabinet du ministre, on affirme que M. Dubé a été « très sensibilisé à la réalité des communautés » à la suite de sa visite au Nunavik. « Déjà, on nous confirme que la situation s’est stabilisée grâce aux effectifs médicaux qui ont été envoyés en urgence dans la région », dit Mme Côté-Boileau. Elle affirme qu’« à court terme, aucun bris de service essentiel n’est anticipé pour les semaines à venir ».

Au Centre de santé et de services sociaux Inuulitsivik, on indique que malgré l’arrivée de sept infirmières, d’autres partent pour épuisement ou pour d’autres raisons. « Plusieurs formes de mesures et d’aide sont parsemées sur le territoire, mais nous sommes loin d’être tirés d’affaire », résume la directrice générale par intérim du Centre de santé et de services sociaux Inuulitsivik, Claude Bérubé.

Une entente avec la Croix-Rouge a été signée lundi. Selon le MSSS, « quatre propositions de candidats de la Croix-Rouge sont actuellement en analyse » et « les premières ressources devraient arriver en septembre ». Deux avions permettant des évacuations médicales ainsi que des équipes de soins permettant ces évacuations ont aussi été ajoutés dans les villages de Salluit et de Kuujjuarapik, note M. Maranda.