Si un « plateau » des nouvelles infections de la variole simienne semble s’être installé à Montréal, la Santé publique de la métropole veut tout de même maximiser le nombre de vaccins administrés afin d’éviter d’avoir une éventuelle « flambée des cas » dans les prochaines semaines, comme c’est déjà le cas ailleurs.

« Dans les dernières semaines, si on regarde la courbe épidémiologique montréalaise, on voit qu’il y a un plateau qui s’est installé depuis plusieurs semaines, ce qui est quand même encourageant », a indiqué jeudi la directrice régionale de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, en point de presse.

Elle a toutefois prévenu qu’il faut être « humbles et prudents face à ce plateau », surtout en période estivale et « quand on sait qu’ailleurs, à New York notamment et en Ontario, ce n’est pas du tout la même courbe ». Plusieurs endroits font en effet face à une « flambée des cas » de variole simienne actuellement, a soutenu la Dre Drouin. « Mon message aujourd’hui, c’est vraiment d’aller chercher la vaccination. »

À Montréal, on compte à ce jour 299 cas confirmés de variole simienne et 6 hospitalisations, en majorité des hommes s’identifiant aux communautés gaie, bisexuelle, transsexuelle ou non binaire. Jusqu’ici, 13 250 personnes ont été vaccinées. La Santé publique vise à en vacciner 25 000.

« Pour le moment, comme on n’a pas une quantité indéfinie de vaccins, la stratégie est vraiment de vacciner le plus grand nombre de personnes avec une dose », a précisé Mme Drouin, en faisant valoir que l’efficacité d’une dose de protection a été démontrée. « On parle d’une stratégie de contrôle de l’éclosion. On veut donner une dose à un plus grand nombre », a-t-elle soulevé.

Des deuxièmes doses du vaccin contre la variole simienne sont néanmoins déjà offertes aux personnes immunosupprimées qui font partie des clientèles cibles.

Appels à la solidarité

Sur place jeudi, Simon Gamache, directeur général du festival Fierté Montréal – qui se tiendra du 1er au 7 août –, a salué la « proactivité » de la Santé publique qui permet selon lui « d’envisager une Fierté qui se déroulera bien, même si la vigilance demeure de mise ».

« On a une communauté qui ne s’est pas retrouvée ensemble dans le cadre d’une Fierté depuis 2019. Ça fait longtemps. Et ce besoin de se retrouver ensemble est vraiment viscéral en ce moment, on le sent. Le festival permet de briser l’isolement des personnes marginalisées, évitant ainsi d’autres problématiques en santé publique », a-t-il évoqué.

Le directeur de l’organisme communautaire RÉZO, Alexandre Dumont-Blais, a émis le même son de cloche, en soutenant que son groupe tiendra un kiosque d’intervention sur la variole simienne sur le site principal du festival. « Bien entendu, on souhaite fêter sans variole », a-t-il dit.

« Il faut continuer la vaccination. Même si on peut guérir de la variole, certaines personnes peuvent vivre des moments très difficiles, en plein été, avec deux ans de confinement », a insisté M. Dumont-Blais, en rappelant que les symptômes de la maladie peuvent être « apparents et douloureux », et provoquer un isolement prolongé de plusieurs semaines.

Des rendez-vous pour la vaccination peuvent être pris sur la plateforme de Clic Santé, ou encore sur le site de Santé Montréal. Une clinique mobile sera également offerte rue Sainte-Catherine, et sur l’esplanade du site de Fierté Montréal.

Pratiques sexuelles « sans risque »

Mercredi, la Santé publique canadienne avait appelé à réduire le risque d’infection à la variole simienne en adoptant « des pratiques sexuelles sans risque », ou encore en diminuant son nombre de partenaires.

« Nous recommandons d’adopter des pratiques sexuelles sans risque. Diminuer le nombre de partenaires sexuels, en particulier les partenaires anonymes, même s’ils n’ont pas de symptômes, peut également réduire votre risque d’infection », a expliqué l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam.

Jusqu’ici, plus de 18 000 cas de variole simienne ont été détectés dans le monde depuis le début de mai en dehors des zones endémiques en Afrique. La maladie a été signalée dans 78 pays jusqu’ici. Quelque 70 % des cas sont concentrés en Europe et 25 % dans les Amériques, a précisé le patron de l’OMS.

Au Canada, environ 745 cas de variole simienne ont jusqu’à présent été rapportés, et 99 % des infections sont survenues chez des hommes. Au Québec, on comptait en date de mardi 346 cas de variole simienne.

Avec La Presse Canadienne et l’Agence France-Presse