Au confluent de la saison de la grippe et de celle des traumas, les urgences pédiatriques de Montréal vivent une pression rarement vue depuis le début de la pandémie en raison du déconfinement.

Jeudi, en après-midi, les taux d’occupation des urgences du CHU Sainte-Justine et de l’Hôpital de Montréal pour enfants s’élevaient respectivement à 138 % et 183 %, selon les données de Québec.

Avec de 300 à 340 patients par jour, le nombre d’entrées aux urgences du CHU Sainte-Justine est bien plus élevé qu’en temps normal, indique le pédiatre et urgentiste Antonio d’Angelo.

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Le DAntonio d’Angelo, pédiatre et urgentiste au CHU Sainte-Justine

« On ne voit presque jamais ces volumes, même pendant les périodes les plus achalandées comme Noël et durant la saison de la grippe, à 300 patients [par jour] de façon soutenue, pendant plusieurs jours », explique-t-il au bout du fil.

La fin de l’hiver, toujours propice aux virus respiratoires, l’est d’autant plus cette année, après deux ans de pandémie où les Québécois ont maintenu leurs enfants « virtuellement » à l’abri des maladies, indique le Dd’Angelo.

Une longue attente

Selon la directrice médicale du service d’urgence de l’Hôpital de Montréal pour enfants, Laurie Plotnick, l’augmentation des contacts due au déconfinement a relancé la propagation d’autres virus respiratoires, dont l’influenza, après un hiver où la COVID-19 avait pris toute la place.

« C’est un mélange de tous les virus à cause du déconfinement. Aussi, en février, on a eu une baisse des cas de COVID, et là, ce qu’on voit, c’est une augmentation des autres maladies virales », précise-t-elle.

« Ça dépend des jours, mais c’est sûr que ça retourne au moins au niveau d’avant [la pandémie] », souligne la Dre Plotnick en rappelant que « l’année avant la pandémie, on était très occupés, particulièrement à l’hiver 2019 ».

Qui plus est, ce trop-plein arrive au même moment que le début de la saison des « traumas », soit le moment où les jeunes reprennent les activités extérieures (vélo, trampoline et autres) avec leurs risques inhérents. À ce sujet, la Dre Plotnick note une augmentation des entrées aux urgences pour des traumas en comparaison des deux dernières années.

Sans compter la fin du système « un appel, un rendez-vous », une ligne téléphonique mise en place l’automne dernier pour permettre aux parents montréalais d’obtenir rapidement une consultation médicale lorsque leur enfant était malade, qui a été débranché fin mars.

Conséquence : des parents restent pris dans la salle d’attente, parfois jusqu’à 12 heures au CHU Sainte-Justine, selon le Dd’Angelo. « Quand on est face à une vingtaine ou une trentaine de patients par heure, le triage devient difficile. On peut attendre très longtemps, les patients attendent ces temps-ci […] très longtemps », dit-il.

Une vague de gastro terminée

Il y a un mois à peine, les urgences pédiatriques de la métropole étaient aux prises avec une vague de cas de gastroentérites, une situation qui semble toutefois se replacer, indique l’Hôpital de Montréal pour enfants.

À environ 5 % des entrées aux urgences qui sont dues à cette inflammation de la paroi de l’estomac et de l’intestin, il s’agissait d’un niveau plus élevé que la normale pour le mois de mars. Depuis, la maladie a retrouvé son rythme prépandémie, explique la Dre Laurie Plotnick.

Pour la gastroentérite, malgré le temps d’attente aux urgences, il reste pertinent d’amener son enfant à l’hôpital à l’apparition de certains syndromes, rappelle-t-elle. Par exemple, en cas de signes de déshydratation comme l’absence de larmes, la bouche sèche, de la somnolence, une quantité moindre d’urine, de la diarrhée en quantité supérieure au liquide bu ou encore en cas de douleurs abdominales importantes.