(Québec) Les syndicats de travailleurs de la santé accusent le gouvernement Legault de ne pas respecter son engagement de procéder aux paiements de milliers de dollars dus en salaires et primes au 1er mars. Faisant front commun, les huit syndicats reprochent à Québec de plonger tout le personnel du réseau dans une « confusion injustifiable » avec un calendrier de versements « incomplet et imprécis ».

Excédé par les retards de paiement, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, s’est engagé il y a 10 jours à ce que les sommes dues soient versées à compter du 1er mars prochain, rapportent les syndicats. « Une échéance qu’il n’a pas tardé à repousser sans même en aviser le personnel du réseau touché ni les organisations syndicales », ont déploré les organisations syndicales, lundi.

Selon elles, des représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ont présenté un nouveau calendrier de versement des sommes, vendredi dernier, lors de la rencontre hebdomadaire entre les syndicats et le ministère. Ce calendrier serait « incomplet et imprécis » et s’échelonne jusqu’au 23 mars dans certains cas. Pour les sommes dues pour les règlements d’équité salariale, aucune date n’a été avancée, « sinon que rien ne sera fait avant le mois d’avril », déplorent-ils.

L’ensemble du personnel du réseau de la santé et des services sociaux est en attente du versement des ajustements de salaire rétroactifs prévus dans le nouveau contrat de travail. Les sommes dues par employé peuvent facilement atteindre plusieurs milliers de dollars. C’est que les logiciels utilisés pour le système de paie sont incapables d’apporter les ajustements.

Les sommes de l’ajustement salarial rétroactif auraient dû être payées au plus tard 90 jours après l’entrée en vigueur du nouveau contrat de travail. Québec est actuellement hors délai pour les contrats signés l’automne dernier. Pour certains membres de la SQEES-FTQ et de la FSSS-CSN s’ajoutent les règlements en vertu de la Loi sur l’équité salariale concernant des rétroactivités remontant à 2015 et 2010.

Plusieurs facteurs, selon Dubé

Le ministre Christian Dubé a réagi à la sortie des syndicats en publiant une lettre adressée à la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Julie Bouchard. Dans la missive datée du 10 février, il explique « que le gouvernement a choisi de prévoir une entrée en vigueur très rapide des conventions collectives après leur signature » dans le contexte de la pandémie.

« Un geste hautement exceptionnel, afin que les personnes salariées puissent y être éligibles le plus tôt possible », écrit M. Dubé, rappelant les nombreux arrêtés ministériels pour ajouter des primes.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

« Cette succession de mesures extraordinaires, jumelée aux enjeux connus des systèmes d’information dans le RSSS qui ont souffert d’un manque chronique d’investissement dans le passé, de même qu’à la pénurie de personnel administratif qualifié en traitement de la paie, sont tous des facteurs qui contribuent malheureusement aux délais dans le versement des sommes dues », poursuit-il.

Québec coordonne une « cellule d’intensification des travaux entre les établissements et les fournisseurs de paie », réitère également le ministre.

Selon les syndicats, les sommes dues représentent 1,28 milliard à la suite des signatures de conventions collectives et, pour certains titres d’emploi, il faut ajouter 1,15 milliard de dollars pour le règlement de plaintes en équité salariale de 2010 et 2015.

« Le ministre Dubé a affirmé être gêné de l’inefficacité des différents systèmes de son ministère et des établissements pour verser les sommes dues à nos membres. Or, il doit être néanmoins tenu responsable des retards dont les échéances étaient connues des mois à l’avance. Il a aussi tardé à transmettre une directive au réseau pour que les paiements soient effectués en priorité », a dénoncé le front syndical.