(Montréal) La coroner Géhane Kamel, qui enquête sur le sort des aînés vulnérables au plus fort de la crise de la COVID, notamment au CHSLD Herron, a pris la peine de rassurer les travailleurs du réseau pour leur dire qu’ils méritent le respect pour les circonstances dans lesquelles ils ont dû travailler.

« Soyez certains que le Bureau du coroner n’a aucun blâme à faire aux employés de la santé. Et chaque individu qui est entré au travail, que ce soit en CHSLD ou à l’hôpital, n’a de notre part que des mercis et du respect », a affirmé la coroner mardi.

Un des témoins devant elle, qui avait soigné les résidants de Herron, venait justement de conclure son témoignage en demandant ce qui allait être fait pour le personnel qui « est passé à travers ça », qui a soigné les résidants du mieux qu’il a pu, dans des circonstances difficiles, et qui s’est fait montrer du doigt comme s’il avait laissé mourir les résidants.

La coroner a ainsi voulu rassurer le témoin sur son impression face aux travailleurs du réseau. Elle a ajouté que dans son rapport, il y aura certainement des observations sur les circonstances dans lesquelles ces employés ont dû travailler.

Durant la journée, mardi, l’un après l’autre, des employés qui ont travaillé au CHSLD Herron au plus fort de la crise de la COVID, au printemps 2020, sont venus raconter leur désarroi et les conséquences du manque de personnel. Ils témoignaient parfois en pleurs.

Certains ont eux-mêmes attrapé la COVID-19 et un a dû être hospitalisé durant une semaine.

L’une a raconté qu’elle avait lavé et changé un résidant décédé dans son lit, afin de lui redonner un peu de dignité. Une autre a dit que plusieurs résidants étaient souillés, qu’elle n’avait jamais vu ça durant toutes ses années de travail.

Une dira que « les sonneries n’arrêtaient pas », qu’elle ne savait plus où donner de la tête. Les employés sur place étaient débordés, puisque plusieurs avaient quitté le travail, eux-mêmes malades ou placés en isolement parce qu’ils avaient été en contact avec des cas de COVID. D’autres étaient apeurés.

De plus, les masques n’étaient pas en nombre suffisant au début de la pandémie, ont-ils raconté. Et ils s’étaient fait dire de garder le même masque pour tout leur quart de travail. Et il manquait aussi de serviettes pour laver les résidants et de couches.

Ces travailleurs ont aussi indiqué que même avant la COVID, Herron avait de la difficulté à recruter du personnel. Il y a aussi eu du roulement à la direction des soins infirmiers.