Bien que le nombre de cas de maladie de Lyme diagnostiqués au Québec ait été moins élevé l’an dernier, le risque de contracter cette infection transmise par la tique à pattes noires continue de s’étendre dans la province. Et une autre espèce de tique pique la curiosité cette année.

La liste de municipalités présentant un risque d’acquisition de la maladie de Lyme s’est allongée d’une trentaine de noms cette année, dont 13 où ce risque est jugé significatif, montre le document publié par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en juin. La liste des territoires où un traitement antibiotique peut être administré rapidement après une piqûre de tique s’est aussi allongée.

Cette prophylaxie post-exposition (PPE) sera offerte pour la première fois dans une partie de l’île de Montréal (territoires des CLSC de Pierrefonds et du Lac-Saint-Louis) et de Lanaudière (CLSC Les Moulins). Le ministère de la Santé a également étendu la PPE à un territoire supplémentaire en Outaouais (CLSC Les-Collines-de-l’Outaouais) et en Estrie (CLSC du Val Saint-François).

« En ce début de saison estivale et en pleine période de déconfinement, la Direction de santé publique de l’Estrie rappelle aux amateurs de plein air et aux travailleurs œuvrant à l’extérieur que c’est en Estrie que l’on rapporte le plus de cas de maladie de Lyme », a d’ailleurs souligné le CIUSSS de l’Estrie – CHUS à la mi-juin.

Sur les 250 cas de maladie de Lyme contractés au Québec l’an dernier, 63 % (157) ont été acquis en Estrie.

En ajoutant les 20 cas contractés hors du Québec ou dans un lieu inconnu, 274 diagnostics de maladie de Lyme ont été enregistrés dans la province en 2020. C’est beaucoup moins que l’année précédente (500 cas en 2019), mais plusieurs facteurs, certains purement administratifs, peuvent avoir influencé les chiffres à la baisse.

Les données de 2020 ont été extraites alors que les cas de l’année n’avaient peut-être pas encore été tous saisis dans les fichiers gouvernementaux, d’autant plus que les directions de santé publique étaient surchargées par la pandémie, signale l’INSPQ. La télémédecine et la diminution des consultations médicales pourraient aussi avoir réduit le nombre de diagnostics, avance l’Institut. Par ailleurs, seulement 10 cas ont été contractés à l’extérieur du Québec, contre 119 en 2019, lorsque les frontières étaient ouvertes.

Explosion de tiques

Le site de surveillance eTick, où les Canadiens peuvent envoyer des photos de tiques pour en faire identifier l’espèce, est inondé de contributions cette année. L’organisme créé à l’Université Bishop’s en avait déjà reçu 10 500 le 26 juin, soit deux fois plus que l’an dernier à la même date (4500).

Ce n’est toutefois pas dû à la tique à pattes noires (Ixodes scapularis), impliquée dans la transmission de la maladie de Lyme, mais à la tique américaine du chien (Dermacentor variabilis).

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE ETICK.CA

Tique américaine du chien (Dermacentor variabilis)

« C’est partout dans l’est de l’Amérique du Nord, il y a vraiment une explosion », témoigne Jade Savage, professeure d’entomologie à Bishop’s et chercheuse principale responsable d’eTick.

La tique américaine du chien peut transmettre des maladies comme la fièvre pourprée des montagnes Rocheuses et la tularémie, mais cela semble beaucoup moins prévalent au Canada qu’au sud de la frontière, note Mme Savage.

La tique américaine du chien mord souvent les humains, mais en général, je dirais qu’on a beaucoup moins à s’inquiéter que d’une morsure de tique à pattes noires.

Jade Savage, professeure d’entomologie à Bishop’s et chercheuse principale responsable d’eTick

La tique à pattes noires semble d’ailleurs toujours majoritaire au Québec, eTick ayant reçu trois fois plus de photos de cette espèce que de la tique américaine du chien depuis le début de l’année.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE ETICK.CA

Tique à pattes noires (Ixodes scapularis), impliquée dans la maladie de Lyme

Ces photos de tiques à pattes noires ne sont cependant pas plus nombreuses qu’en 2020, année où l’espèce a finalement été considérée comme peu abondante. Mais contrairement à la tique américaine du chien, qu’on ne verra pratiquement plus dans quelques semaines, la tique à pattes noires connaîtra un deuxième pic d’activité à l’automne, rappelle Mme Savage.

Jusqu’ici, 42 patients ont reçu un diagnostic de maladie de Lyme en 2021, indiquent les données publiées par le ministère de la Santé, qui ne précisent toutefois pas la région où ils l’ont contractée.

Consultez le site eTick Consultez les informations sur la prévention et le traitement de la maladie de Lyme Consultez la liste des municipalités présentant un risque d’acquisition de la maladie