La pénurie de personnel est criante au CISSS de la Montérégie-Ouest. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, s’est rendu sur place, lundi, pour constater la situation. Il dit envisager différentes solutions pour alléger la pression sur les hôpitaux de la région, dont la redirection d’ambulances vers l’hôpital du Lakeshore à Montréal.

L’hôpital Anna-Laberge à Châteauguay et l’hôpital du Suroît à Salaberry-de-Valleyfield vivent depuis des années une pénurie de personnel alors que la population desservie par les deux établissements est en augmentation constante. Et avec la pandémie, la crise atteint un point de rupture.

« On estime qu’il manque présentement plus de 500 infirmières au CISSS de la Montérégie-Ouest pour combler nos besoins. Également, la croissance démographique de même que le vieillissement de la population continuent d’exercer une pression sur nos services », mentionne par la porte-parole du CISSS de la Montérégie-Ouest, Jade St-Jean.

Certes, un nouvel hôpital de 400 lits à Vaudreuil est en préparation. Mais en attendant sa construction, sur le terrain, la situation est critique, comme l’expliquait La Presse le 9 mars.

« Sit-in » pour dénoncer

Vendredi, les infirmières des urgences de l’hôpital Anna-Laberge ont fait un sit-in pour dénoncer le manque de personnel qui se profilait pour la fin de semaine. « Il manquait 50 % du personnel au quart de travail aux urgences », dit la présidente du Syndicat des professionnelles en soins de l’ouest de la Montérégie, Mélanie Gignac.

Celle-ci souligne que les deux gros hôpitaux du CISSS de la Montérégie-Ouest fonctionnent présentement avec environ 50 % des professionnelles en soins nécessaires, tant aux urgences que sur les étages. « On augmente le nombre de patients par infirmière… Ce qu’on dénonçait il y a cinq ans, c’est devenu la normalité. Et c’est de pire en pire. L’employeur a le devoir de donner le service sécuritaire à la population », dénonce Mme Gignac.

Fin février, la directrice des services professionnels du CISSS a démissionné, semant la consternation chez plusieurs médecins du territoire.

Lundi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a visité l’hôpital du Suroît et l’hôpital Anna-Laberge. Pour Mme Gignac, des solutions à la pénurie chronique de personnel doivent être trouvées. « Sinon, il va falloir diminuer l’offre de services. »

On ne peut plus continuer à offrir 100 % des services avec 50 % du personnel.

Mélanie Gignac, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de l’ouest de la Montérégie

Au cabinet du ministre Dubé, on indique que la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau « ne date pas d’hier ». On confirme que « plusieurs scénarios sont présentement à l’étude pour remédier à la situation de la pénurie de main-d’œuvre, et la redirection des ambulances du Suroît vers le Lakeshore en fait partie ». Le cabinet précise toutefois qu’il doit « s’assurer que les solutions sur la table soient applicables à court terme sur le terrain ».

À cette visite s’ajoutera cette semaine celle d’une équipe du ministère de la Santé, « qui visite les urgences les plus critiques du Québec, dans le but d’offrir de faire un diagnostic et offrir un soutien », explique Mme St-Jean. « Nous sommes confiants que ces visites mèneront à des solutions structurantes supplémentaires afin d’améliorer la situation dans les meilleurs délais », dit-elle.

Le ministre Dubé a promis de retourner sur le terrain « au cours des prochaines semaines afin de voir si des changements ont été apportés aux problématiques engendrées par la pénurie de main-d’œuvre que la pandémie est venue exacerber ».