(Ottawa) Alors que la demande du vaccin contre la grippe saisonnière semble augmenter dans tout le pays, l’Agence de la santé publique du Canada tente d’obtenir plus de doses auprès des fournisseurs. Une tâche qui ne sera peut-être pas aisée.

Dans une déclaration écrite, un responsable de l’agence explique que la production de ce vaccin est habituellement terminée à la fin d’octobre. Le Canada pourrait trouver des doses supplémentaires dans d’autres pays qui en avaient commandé plus qu’il n’en fallait, ou peut-être de fournisseurs qui ont produit plus de doses que prévu.

« Les discussions se poursuivent avec les fournisseurs canadiens pour identifier tout vaccin supplémentaire dont ils pourraient disposer pour le Canada », indique-t-on à l’agence. Ce ne sera que plus tard en novembre, ou au début de décembre, que l’agence saura si plus de doses peuvent être dénichées, précise-t-on.

Les responsables de la santé publique et les gouvernements ont encouragé les Canadiens, particulièrement cette année, à se faire vacciner contre la grippe saisonnière, afin que les hôpitaux très occupés par la COVID-19 ne soient pas également submergés par un tsunami de personnes grippées.

Les commandes de vaccins contre la grippe commencent à être envoyées en février, sur la base du taux de vaccination de l’année précédente. Les provinces soumettent leurs demandes à l’Agence de la santé publique du Canada, qui passe les commandes en gros. Or, l’agence soutient qu’elle avait proposé cette année aux provinces de réviser leurs demandes, compte tenu de la pandémie. Chaque province en a ensuite commandé plus que l’an dernier, la plupart d’au moins 20 %.

À l’échelle nationale, l’agence de santé publique affirme que plus de 13,9 millions de doses sont attendues cette année — un record —, comparativement à 11,2 millions en 2019. Cole Davidson, un porte-parole de la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, a indiqué que 95 % de ces doses avaient déjà été livrées aux provinces. Cette commande permettra de vacciner environ 37 % des Canadiens.

Une demande accrue

Depuis le début de la saison de vaccination contre la grippe, le mois dernier, on a signalé une augmentation significative de la demande dans certaines provinces, avec de longues files d’attente devant les pharmacies, des rendez-vous impossibles à prendre dans des cliniques de santé publique, et des cabinets de médecins qui n’avaient pas reçu suffisamment de vaccins pour répondre à la demande de leurs patients.

Justin Bates, qui dirige l’Association des pharmaciens de l’Ontario, n’est pas prêt à parler de réelle pénurie de vaccins cette année. Il suggère que la demande a peut-être été plus forte que d’habitude dès le départ, plutôt que répartie sur l’automne, et que la distribution entre les pharmacies, les cliniques de santé publique et les cabinets de médecins pourrait ne pas correspondre à l’endroit où la plupart des gens veulent se faire vacciner cette année, en pleine pandémie.

M. Bates souligne d’ailleurs qu’il y a probablement des leçons à tirer de cette expérience pour l’éventuel programme de vaccination contre la COVID-19, espéré en 2021, mais aussi pour la grippe saisonnière de l’année prochaine.

À Ottawa, la porte-parole conservatrice en matière de santé, Michelle Rempel Garner, a déclaré que les gouvernements devaient être plus transparents dans ce dossier. Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré plus tôt cette semaine que son gouvernement travaillait avec les provinces « pour s’assurer que nous aurons suffisamment de vaccins contre la grippe pour tout le monde ». Mais à 13,9 millions de doses, on est bien loin du compte, estime Mme Rempel Garner.

« Est-ce un échec de la politique d’approvisionnement ? De la politique publique ? Reçoivent-ils des conseils de médecins pour déterminer le nombre de doses ? Je ne sais pas. Et c’est bien là le problème. » La députée albertaine estime que le programme de vaccination contre la COVID-19 devrait être beaucoup plus transparent quant à savoir qui devrait le recevoir, à quel moment et à quel endroit.