(Vancouver) Une toxicomane « forcée » de passer à un traitement modifié à la méthadone introduit en Colombie-Britannique il y a six ans a déposé une demande d’action collective contre le gouvernement provincial, le collège des pharmaciens et une société pharmaceutique.

Laura Shaver faisait partie des quelque 18 000 personnes qui ont reçu de la Methadose au lieu de la méthadone, un changement qui, a-t-elle soutenu vendredi, a été effectué sans consultation et a exposé des patients en rechute au risque de mourir de la consommation de drogues illicites qui pouvaient contenir du fentanyl.

Mme Shaver et d’autres personnes prenant la solution composée de méthadone, dans le cadre d’un programme de traitement quotidien pour essayer d’arrêter les opioïdes tels que l’héroïne, soutiennent que la Methadose est un médicament plus faible qui provoque des symptômes de sevrage douloureux pour une proportion élevée de personnes qui finissent par se tourner vers des drogues illicites.

« Je n’avais pas consommé d’héroïne depuis quatre ans environ, a-t-elle déclaré. Dans les six jours, j’étais à nouveau férocement dépendante à la drogue par injection. Les choses que j’ai traversées, les sueurs, les tremblements. Je ne sais même pas par où commencer. »

Mme Shaver, qui est à la tête de la B. C. Association of People on Methadone, a affirmé que les symptômes de sevrage étaient si graves qu’elle a pris des drogues illicites et fait huit surdoses.

« Ils ne m’ont donné ni à personne d’autre le choix », a-t-elle déclaré à propos de la décision de la province, ajoutant que tout en étant conscient que la Methadose avait provoqué une augmentation des rechutes, des surdoses et des décès, le gouvernement refusait d’autoriser l’accès à la méthadone, et cela, pour des questions d’économie selon elle.

Le ministère de la Santé, qui est désigné comme défendeur dans une action civile déposée devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique, a effectué le changement pour la Methadose en 2014, mais le ministère de la Santé mentale et des Dépendances a été créé deux ans plus tard, car les décès par surdose liés au fentanyl augmentaient. La province a déclaré une urgence de santé publique.

Une porte-parole du ministère de la Santé mentale et des Dépendances a déclaré que la province n’avait pas encore reçu le document judiciaire.

Le ministère n’a pas immédiatement commenté les allégations.

La société pharmaceutique Mallinckrodt Canada et sa société mère Mallinckrodt sont également nommées dans le document du tribunal, mais aucune n’a répondu à une demande pour commenter les allégations. Le Collège des pharmaciens de la Colombie-Britannique a déclaré qu’il ne souhaitait pas faire de commentaires sur le changement à la Methadose, qui est dispensée par les pharmaciens.

« Les défendeurs savaient ou auraient dû savoir que restreindre l’accès des patients à la solution combinée de méthadone et accorder à Mallinckrodt le droit de distribuer de la Methadose en tant que médicament (thérapeutique) exclusif en Colombie-Britannique pourrait entraîner des rechutes et des préjudices associés à la rechute », indique le document judiciaire.

Il indique que la province, la société pharmaceutique et le collège ont exagéré l’efficacité relative de la Methadose et minimisé ou nié les risques associés au changement de traitement.

Les trois accusés seraient responsables d’avoir fait des déclarations négligentes, inexactes et trompeuses à Mme Shaver et aux membres de l’action collective proposée.

Aucune des allégations n’a été prouvée devant les tribunaux.

Mme Shaver réclame des dommages-intérêts, le rétablissement de l’accès à la méthadone et le remboursement de frais encourus.

Le BC Centre on Substance Use recommande la Suboxone comme traitement de première intention pour les troubles liés à la consommation d’opioïdes, car il comporte moins d’effets secondaires, est plus sécuritaire et peut être pris à la maison. La Methadose est ensuite recommandée, suivie de la morphine à libération prolongée.

Jason Gratl, un avocat représentant Mme Shaver pour cette poursuite qu’un juge doit certifier comme une action collective, a déclaré que les personnes qui ont eu des rechutes sous la Methadose devaient être indemnisées pour essayer de restaurer leur « vie brisée ».

« De nombreuses personnes et organisations se sont manifestées pour tenter de persuader la province et le collège des pharmaciens de rétablir l’accès à la méthadone composée », a-t-il déclaré, ajoutant que le changement serait sans frais.