Rendez-vous médicaux le soir et les fins de semaine : les médecins de famille au Canada sont plus nombreux à en offrir que la moyenne de 11 pays industrialisés sondés dans une étude internationale. Il s’agit d’un progrès, car en 2015, le Canada était bon dernier dans cette liste.

Ces données ressortent d’une étude du Fonds du Commonwealth, publiée au pays jeudi par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Cette analyse sonde les médecins à tous les trois ou quatre ans.

Pour l’ICIS, ce résultat est une bonne nouvelle pour les patients.

« Pour la première fois, on note une amélioration au niveau de l’accès aux médecins de famille », se réjouit Christina Lawand, chercheuse principale au sein de l’Institut.

Le rapport intitulé « Enquête internationale de 2019 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé auprès des médecins de soins primaires » montre qu’en 2019, 57 % des médecins de famille ont ouvert leur cabinet au moins un soir de semaine, et 50 % durant la fin de semaine, au moins une fois par mois. Il n’est pas question des médecins spécialistes dans cette étude.

Ces résultats se situent au-dessus de la moyenne des 11 pays sondés, qui vont comme suit : ouverture les soirs de semaine (44 %) et lors de la fin de semaine (36 %).

Cette bonne note du Canada est toutefois gonflée par les efforts des médecins de deux provinces : le Québec et l’Ontario. Les autres sont sous la moyenne nationale.

Par exemple, au Québec, 69 % des médecins travaillent dans un cabinet offrant des rendez-vous le soir, au moins une fois par semaine, et 61 % la fin de semaine, au moins une fois par mois.

Outre le Canada, les pays sondés sont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Australie, la Suisse, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège.

Des bémols

Mais il y a deux bémols à ce résultat positif, selon Mme Lawand.

D’abord, cette enquête a été réalisée auprès des médecins. L’an prochain, elle sondera plutôt le point de vue des patients, qui pourraient avoir une autre vision de cette accessibilité à leurs médecins de famille.

Et puis, offrir des heures d’ouverture le soir et la fin de semaine ne veut pas nécessairement dire que les médecins travaillent un plus grand nombre d’heures et sont plus disponibles, prévient-elle. Cela signifie peut-être qu’ils ont simplement décalé leurs horaires de clinique. Mme Lawand ajoute que les médecins travaillent en général moins d’heures actuellement qu’il y a 15 ou 20 ans.

D’ailleurs, c’est au Québec que les médecins voient le moins de patients : le nombre médian qu’ils reçoivent en consultation était de 70 par semaine, comparé à 100 pour leurs collègues ontariens, par exemple.

Mais l’une des raisons pour cette disponibilité accrue en dehors des heures régulières de bureau serait le fait qu’en 2019, plus de médecins canadiens travaillaient dans des cabinets de groupe — plutôt qu’en pratique solo. L’an dernier, ils étaient 65 % en cabinet de groupe alors qu’ils étaient que 60 % en 2015. Ces cabinets sont plus susceptibles d’offrir des rendez-vous la fin de semaine, d’utiliser des dossiers médicaux électroniques (DME) et d’offrir aux patients la possibilité de prendre rendez-vous en ligne, rapporte l’ICIS.

Les communications électroniques traînent de la patte

Un plus grand nombre de médecins de famille canadiens utilisent les dossiers médicaux électroniques (DME) aujourd’hui (86 %) qu’en 2015 (73 %) et en 2009 (37 %). Cependant, le Canada se situe toujours en dessous de la moyenne du Fonds du Commonwealth qui s’établit à 93 %.

Ces dossiers sont un plus pour les patients car leurs médecins peuvent y faire le suivi, indiquer des rappels de soins préventifs et aussi inscrire les listes de médicaments pour éviter de mauvaises interactions.

Au Canada, les médecins de famille sont bien moins nombreux (23 %) à offrir l’option de poser des questions d’ordre médical par courriel ou sur un site web sécurisé que la moyenne des pays sous étude (65 %).

« Les communications électroniques avec les médecins, c’est vraiment un endroit où le Canada continue de tirer de l’arrière », juge la chercheuse, qui indique que la moyenne internationale est trois fois plus élevée que le 23 % canadien.

L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) est un organisme autonome sans but lucratif qui fournit à tous les Canadiens de l’information sur la santé. Le Fonds du Commonwealth est une fondation privée qui fait la promotion d’un système de santé très performant. Plus de 2500 médecins canadiens ont participé à l’enquête.