Dans une note de service envoyée à tous ses employés lundi, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal admet que la clientèle dans les hôpitaux a changé et annonce du même coup qu’il révisera les mesures de sécurité dans ses établissements. Ce message envoyé par le président-directeur général de l’organisation fait suite à une lettre ouverte, publiée dans La Presse le même jour, dénonçant le manque de sécurité dans les milieux hospitaliers.

Dans sa note de service, Frédéric Abergel avance, sans être complètement affirmatif, que « des incidents menaçant la sécurité de notre personnel seraient de plus en plus fréquents dans toutes nos installations ». En entrevue téléphonique, le PDG affirme toutefois qu’il n’y a pas de hausse de cas « très violents », comme l’agression d’un patient contre son psychiatre, survenue le 29 octobre dernier au pavillon Albert-Prévost. Le patient a été accusé de tentative de meurtre contre son médecin, qui a survécu à l’attaque.

« Quand je fais mes tournées de personnel, tous les quelques mois, [la sécurité] n’est pas un enjeu qui m’est rapporté. Pourtant, je rencontre des centaines d’employés chaque fois », souligne M. Abergel qui a fait sa plus récente « tournée » l’été dernier.

Dans son message, le grand patron du CIUSSS annonce qu’il embauchera un expert externe pour qu’il se penche sur la sécurité dans les hôpitaux. Il affirme également qu’un comité révisera le code blanc, l’alerte lancée lorsqu’un patient est violent.

« D’ici l’embauche de cet expert, nous ne serons pas inactifs. Des changements seront très bientôt initiés pour agir immédiatement », écrit le PDG dans sa note. Questionné au sujet de ces changements, M. Abergel a dit attendre entre autres les conclusions de l’enquête interne à propos de l’agression du 29 octobre dernier.

Il a mentionné que la révision du code blanc ne se faisait d’ailleurs pas en réaction à la tentative de meurtre contre un psychiatre. Après quelques années, « on révise les codes. Il faut s’assurer qu’on les met à jour. Ça a adonné comme ça qu’on devait amorcer la révision du code blanc », a-t-il indiqué.

Des inquiétudes à court terme

Louis-Martin Reid-Gaudet, membre du comité de négociation de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), affirme que le CIUSSS est déjà au fait des correctifs à apporter dans les hôpitaux. Selon lui, plusieurs comités se sont penchés sur la question de la sécurité dans les dernières années.

Selon M. Reid-Gaudet, les portes donnant accès à l’unité où se trouvent des patients judiciarisés devraient être verrouillées et une formation devrait être offerte aux employés travaillant à cet endroit.

« Les comités se butent systématiquement au même enjeu lorsqu’on arrive aux recommandations. Elles coûtent des sous, donc ce sont des comités dans lesquels les recommandations meurent au feuilleton. »

Kathleen Bertrand, présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Nord-de-l’Île-de-Montréal (FIQ), voit quant à elle d’un bon œil l’arrivée prochaine d’un expert externe. Elle déplore toutefois que la sécurité n’ait pas été rehaussée depuis octobre.

« On fait face à une clientèle de plus en plus hypothéquée, de plus en plus malade. On parle de toxicomanie et d’alcoolisme mêlés à des problèmes de santé mentale. Ces patients se retrouvent dans des unités où il manque d’effectifs et où la sécurité est déficiente », dit Mme Bertrand.

David Routhier, président de l’exécutif local de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, croit aussi que l’embauche d’un expert externe est un pas dans la bonne direction, mais il affirme que la sécurité doit être améliorée à court terme.

« Trois semaines après l’agression, ce que les gens me rapportent, c’est qu’ils n’ont pas vu de changement. Si la direction dit qu’il y a des changements, on ne les voit pas », explique M. Routhier. Le CIUSSS affirme qu’un troisième agent de sécurité a été embauché depuis l’attaque.

« Demain matin, déplore-t-il, il pourrait arriver la même agression que celle du 29 octobre. »