La Confédération des syndicats nationaux (CSN) presse Québec d’investir d’urgence dans les centres hospitaliers de soins de longue durée et dans les hôpitaux pour accroître les ressources et augmenter le nombre de préposés aux bénéficiaires.

Les responsables en santé et services sociaux de la centrale syndicale ont profité de la tenue d’un forum des préposés aux bénéficiaires, dimanche à Montréal, pour dévoiler les résultats d’un sondage qui indique notamment que 74 % des personnes qui pratiquent ce métier sont en détresse psychologique.

En moyenne, 61 % des répondants ont affirmé s’occuper de six à 16 clients par quart de travail de jour mais ce chiffre peut atteindre 100, et même parfois 200, « dans certains contextes », selon le questionnaire.  

La situation serait telle, en particulier dans les centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD), que 80 % des préposés aux bénéficiaires disent être en situation de tension au travail.

En raison d’une surcharge de travail, 94 % des répondants affirment être constamment pressés par le temps alors que 7 % seulement disent pouvoir accomplir toutes les tâches que leur employeur leur demande.  

Seulement 22 % des répondants affirment avoir suffisamment de temps pour donner les bains, 33 % pour effectuer une toilette partielle, 38 % pour distribuer les repas et 34 % pour habiller les bénéficiaires.  

Seulement 16 % des répondants disent parvenir, sans exception, à donner un bain par semaine et 11 % indiquent que les culottes d’incontinence ne sont pas disponibles en quantité suffisante.  

Les patients visités d’abord

Près de 60 % des répondants affirment qu’il existe, dans leur milieu de travail, une règle non écrite faisant en sorte qu’ils doivent faire en priorité des patients qui reçoivent la visite de membres de leur famille.  

En plus, 42 % disent devoir travailler durant leur pause et 23 % affirment effectuer des tâches pour lesquelles ils ne sont pas rémunérés. Et 29 % d’entre eux disent avoir été menacés de sanctions disciplinaires s’ils refusaient d’effectuer des heures supplémentaires.  

Le sondage révèle également que 15 % des préposés interrogés disent que leur charge de travail s’est alourdie depuis la réforme Barrette, notamment en raison d’un manque de personnel (91 %), de l’alourdissement de la clientèle (90 %) et de violence de la clientèle ou de son entourage (50 %).  

Enfin, 90 % des préposés croient que l’amélioration des conditions de travail passe par l’embauche de personnel et 87 % pensent qu’il faut réduire la charge de travail.  

Les dirigeants syndicaux expliquent les résultats du sondage par les mesures d’austérité de l’ancien gouvernement libéral et la réforme Barrette.

Point de rupture

« On lance un cri du cœur au gouvernement pour qu’il prenne des mesures urgentes et énergiques pour aider les préposés aux bénéficiaires et pour éviter de se retrouver en position de rupture de services auprès de la clientèle. Actuellement, nous avons déjà atteint un point de rupture de la qualité des services », a déclaré le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, qui a également lancé un appel aux directions d’établissements pour que des postes de proposé soient notamment affichés.

« Les résultats sont sans ambiguïté. Ça va prendre des investissements. Depuis la réforme Barrette en 2015, il y a eu une détérioration des services, c’est frappant. On espère que ce sondage fera en sorte que le gouvernement comprendra que c’est une priorité » a renchéri le président de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, Jeff Begley.

Une préposée aux bénéficiaires, Caroline Hardy, a ajouté qu’alors qu’il était ministre de la Santé, le docteur Gaétan Barrette a ajouté un deuxième bain et des activités pour les bénéficiaires, mais que les préposés ne sont actuellement pas assez nombreux pour effectuer adéquatement ces nouvelles tâches.

Les préposés jugent que les conséquences de la charge de travail sur les patients sont, entre autres :

• des cloches qui sonnent sans cesse (74 %)

• une hausse des situations à risque telles les chutes (72 %)

• des soins d’hygiène qui ne sont pas réalisés aussi souvent qu’ils le devraient (68 %)

• des résidents qu’on devrait lever mais qui restent couchés (60 %)

• des délais de réponse qui entraînent des chutes (55 %)

• des culottes d’incontinence qui ne sont pas changées lorsque nécessaire (50 %)

• des résidents qui ne peuvent terminer leur repas ou qui ne mangent pas à leur faim (27 %)

L’échantillonnage 

• Le sondage a été réalisé entre les 15 février et 5 mai auprès de 8500 préposés aux bénéficiaires qui représentent plus de 20 % des 41 500  préposés à l’emploi dans les établissements publics et privés subventionnés.  

• Le nombre des répondants varie d’une région à l’autre. Par exemple, 10 % des répondants sont de Montréal et 44 % du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

• 54 % des répondants travaillent en CHSLD, 34 % en milieu hospitalier et 3 % en santé mentale.  

• La majorité des répondants sont des femmes (88 %)

• 43 % des répondants occupent un poste à temps plein

• 57 % travaillent de jour