(Montréal) Plus de 40 % des décès liés au tabac sont imputables à des maladies pulmonaires comme le cancer, les affections respiratoires chroniques et la tuberculose, rappelle l’Organisation mondiale de la Santé à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, ce vendredi.

L’agence onusienne demande aux pays et aux partenaires de prendre davantage de mesures visant à protéger les gens contre l’exposition au tabac.

Le directeur général de l’OMS, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué dans un communiqué que le tabac tue au moins huit millions de personnes chaque année. Des millions d’autres sont atteintes d’un cancer du poumon, de tuberculose, d’asthme ou d’une affection respiratoire chronique à cause du tabac.

En 2017, le tabac a tué 3,3 millions de fumeurs et de personnes exposées à la fumée des autres à cause de maladies respiratoires. Plus de 80 % de ces décès étaient dus à des affections respiratoires chroniques ou au cancer.

Plus de 60 000 enfants de moins de cinq ans meurent d’infections des voies respiratoires inférieures causées par le tabagisme passif, a dit l’OMS par voie de communiqué.

Ceux qui atteindront l’âge adulte seront plus susceptibles de développer par la suite une broncho-pneumopathie chronique obstructive, une affection qui entraîne la production de mucus rempli de pus qui s’accumule dans les poumons et provoque une toux douloureuse et des difficultés respiratoires.

L’OMS invite instamment les pays à lutter contre l’épidémie de tabagisme. Ils peuvent, par exemple, s’efforcer de faire baisser la demande de tabac par l’intermédiaire de mesures fiscales, créer des espaces non-fumeurs et mettre en place des aides au sevrage.

Arrêter… oui, mais comment ?

« Je suis convaincu qu’il n’y a pas un fumeur qui ne veut pas arrêter, a dit le docteur Kieron O’Connor, qui dirige le Centre d’études sur les troubles obsessionnels compulsifs et les tics, à Montréal. Le problème, c’est qu’il faut trouver comment les motiver. Il faut regarder le contexte dans lequel ils fument. Quels sont les facteurs qui déclenchent l’envie de fumer ? »

Pour le moment, poursuit-il, la stigmatisation sociale qui entoure le tabagisme n’est pas encore assez intense pour inciter tous les fumeurs à arrêter.

« Ça reste quelque chose que tu peux faire dans le quotidien assez librement, a-t-il dit. C’est encore acceptable. Si tu dis que tu vas aller à l’extérieur t’injecter de l’héroïne, tu vas avoir toute une réaction. Mais si tu dis que tu vas à l’extérieur pour une cigarette, les gens vont se dire que c’est une mauvaise habitude, mais c’est correct. »

Le tabagisme, a ajouté le docteur O’Connor, est comme n’importe quelle autre habitude : les gens se pensent impuissants à la contrôler, jusqu’au jour où ils décident d’y résister — et ils découvrent alors souvent qu’ils ont plus de contrôle qu’ils ne le croyaient.

Il rappelle que des médecins et infirmières qui fument oublient instantanément leur cigarette, et même leur envie de fumer, s’ils doivent répondre à un appel d’urgence. Même chose pour les agents de bord, dont l’envie de fumer est grandement atténuée pendant la durée du vol, puisque cela n’est pas permis.

« La plupart des gens ont arrêté de fumer par eux-mêmes. Ils ont simplement décidé d’arrêter parce que ça entrait en conflit avec leurs buts dans la vie, parce qu’ils sont plus informés des risques pour la santé », a expliqué M. O’Connor.

La situation au Canada

Statistique Canada rapporte que 16,2 % des Canadiens âgés de 12 ans et plus (soit environ 5 millions de personnes) fumaient tous les jours ou à l’occasion en 2017. La proportion des Canadiens âgés de 12 ans et plus ayant fumé tous les jours ou à l’occasion a diminué entre 2015 et 2017, passant de 17,7 % à 16,2 %.

Parmi les 5 millions de fumeurs actuels, la majorité (3,6 millions) fumait des cigarettes tous les jours. À peine plus d’un Canadien sur cinq (21,7 %) était des non-fumeurs qui fumaient auparavant tous les jours.

Habituellement, les gens commencent à fumer à l’adolescence, de sorte que le pourcentage de Canadiens qui ne fument toujours pas à l’âge de 20 ans constitue un bon indicateur des taux futurs de tabagisme.

En 2017, 60,7 % de ceux âgés de 20 à 24 ans n’avaient jamais fumé. Parmi cette tranche d’âge, la proportion de personnes n’ayant jamais fumé était plus élevée chez les femmes que chez les hommes, selon l’agence fédérale.