(Montréal) Le taux de grossesses multiples en procréation assistée a chuté drastiquement depuis quelques années au CHU Sainte-Justine, notamment en raison de l’adoption de critères plus stricts, a indiqué un expert du centre hospitalier à l’occasion de la Journée de prévention des grossesses multiples, mardi.

Après avoir frisé les 4 % en 2016 à Saint-Justine, ce taux avait chuté sous la barre des 1 % en 2017-2018. La moyenne ailleurs au Québec serait actuellement d’environ 5 %.

« On a resserré un peu nos critères au niveau du nombre d’embryons à transférer, a expliqué Pascal Desrosiers, qui est chef d’unité au Centre de procréation assistée du CHU Sainte-Justine. C’est certain que nos taux de grossesse par transfert d’embryon sont quand même assez élevés, ce qui fait qu’on a augmenté le pourcentage de cas où on transfert un seul embryon. »

Un seul embryon est ainsi transféré dans 91 % des cas, a-t-il précisé.

Les grossesses multiples s’accompagnent souvent de risques pour la santé de la mère et de l’enfant, et tout progrès à ce chapitre peut avoir des répercussions importantes.

Lors d’un cycle de fécondation in vitro, la femme reçoit des doses massives d’hormones afin de stimuler ses ovaires et de produire plusieurs ovules qui seront ensuite prélevés. Ces doses d’hormones signifieront toutefois que l’environnement de l’utérus ne sera pas toujours adéquat pour procéder au transfert d’un embryon, a dit M. Desrosiers.

« Dans 30 % des cas, tous les embryons sont congelés ; on ne les transfère pas tout de suite parce qu’on veut essayer de retrouver un environnement plus optimal au niveau de l’utérus pour le transfert d’embryons, a-t-il expliqué. On va congeler les embryons et on va permettre aux hormones de se replacer et on va transférer les embryons congelés un peu plus tard, donc ça nous évite de transférer un embryon dans un environnement qui n’est pas adéquat. »

Environ 54 % des transferts d’embryons se traduisent aujourd’hui par une grossesse. Du lot, seulement 0,4 pour sont des grossesses gémellaires.

Des progrès

Les équipes de Sainte-Justine ont développé plusieurs techniques qui maximisent les chances des couples qui souhaitent avoir un enfant.

Le diagnostic génétique préimplantatoire permet ainsi de faire un diagnostic génétique des embryons issus de parents qui sont porteurs de maladies génétiques.

« Ça nous permet de cibler les embryons qui ne sont pas porteurs de cette maladie-là », a expliqué M. Desrosiers.

La cryopréservation du tissu ovarien permet aussi de préserver la fertilité chez les jeunes filles atteintes d’un cancer. S’il était déjà possible de congeler leurs ovules, on peut maintenant préserver des bouts de tissu ovarien. Cette procédure est principalement utilisée chez les jeunes filles prépubères chez qui il n’est pas possible de stimuler la production d’ovules.

« On va carrément prendre l’ovaire pour aller le congeler, a dit M. Desrosiers. Mais la cryopréservation du cortex ovarien demeure expérimentale. Il faut garder un œil là-dessus. Il y a entre 100 et 200 bébés à travers le monde qui sont nés grâce à cette technique qui est très prometteuse. »

On espère un jour pouvoir faire la même chose pour les jeunes garçons en cryopréservant le tissu testiculaire, « mais ça, c’est très expérimental et il y a très peu de gens qui le font », a-t-il ajouté.