L'excès de poids est en voie de devenir la deuxième principale cause de cancer évitable au pays après le tabagisme, prévient la Société canadienne du cancer (SCC) en dévoilant une nouvelle étude.

D'ici 2042, le nombre de cas de cancer dus à l'excès de poids triplera presque, passant de 7200 à 21 000 cas, si les Canadiens ne modifient pas leurs comportements.

Ces données proviennent d'une étude financée par la Société, baptisée ComPARe (Risque attribuable du cancer chez la population canadienne).

Il est question ici de cancers « évitables », donc liés aux habitudes de vie, car pour certaines formes de cette maladie, les humains n'ont que peu ou pas de contrôle.

L'étude trace aussi ce constat : jusqu'à quatre cas de cancer sur 10 peuvent être évités.

Le surpoids

Les craintes sont fondées en partie sur ce chiffre : actuellement, plus d'un Canadien adulte sur deux présente un excès de poids, ce qui accroît le risque d'au moins 13 types de cancer différents, dont le cancer du sein, le cancer colorectal, le cancer de l'endomètre et le cancer de l'oesophage.

Les types de cancer les plus fortement associés au surpoids sont l'adénocarcinome de l'oesophage et le cancer de l'endomètre.

Si plus de Canadiens avaient un poids santé, environ 110 600 cas de cancer pourraient être évités d'ici 2042, peut-on lire dans les résultats.

L'étude ComPARe est unique parce que pour la première fois, elle chiffre l'impact du mode de vie et précise comment les facteurs de risque vont évoluer dans le temps, a indiqué en entrevue André Beaulieu, porte-parole de la Société canadienne du cancer. Il était déjà connu que le surpoids est un facteur de risque pour le cancer, mais l'étude permet de préciser son effet.

Les chercheurs qui l'ont rédigée évaluent aussi le fardeau actuel et futur de plus de 30 types de cancer causés par plus de 20 facteurs de risque modifiables.

En ce moment, les cinq principales causes évitables de cancer sont, dans l'ordre, le tabagisme, l'inactivité physique, l'excès de poids, la faible consommation de fruits et le soleil.

Aux États-Unis, où l'obésité est plus prévalente qu'ici, l'obésité sera la première cause évitable de cancer, précise M. Beaulieu.

Évidemment, prendre soin de sa santé par l'alimentation et l'exercice et ne pas fumer n'offre aucune garantie que le cancer ne frappera pas nos vies, prévient-il. Mais cela permet de « mettre toutes les chances de notre côté ».

De plus, les gens en santé réagissent mieux aux traitements contre le cancer, ajoute-t-il.

Pour la Société, ces travaux de recherche aident à déterminer où doivent être investis les efforts de prévention du cancer ainsi que les futures recherches.

Elle est bien consciente que les causes de l'excès de poids sont complexes et regroupent des facteurs sociaux, économiques, physiologiques, environnementaux et politiques. Aucune politique unique ne réglera le problème, dit-elle, insistant sur le fait qu'une stratégie sociétale complète sera nécessaire.

L'étude ComPARe, publiée mercredi dans la revue internationale Preventative Medicine, est issue d'un partenariat entre la Société canadienne du cancer (SCC) et une équipe pancanadienne d'experts en épidémiologie, en biostatistique, en facteurs de risque du cancer, en prévention du cancer et en application des connaissances.