(Québec) Les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) auront bientôt plus de pouvoirs grâce à une ouverture sans précédent du Collège des médecins. Elles pourront poser davantage de diagnostics, prescrire des médicaments et des plans de traitement sans avoir à se référer à un médecin.

«C’est un jour qui marque une véritable révolution dans l’accès aux soins et aux services», a lancé la ministre de la Santé et des services sociaux, Danielle McCann, en conférence de presse mercredi. Elle était aux côtés du président du Collège des médecins du Québec (CMQ), Mauril Gaudreault, et de son homologue de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), Luc Mathieu.

M. Gaudreault a annoncé que le CMQ souhaite que les activités des IPS ne soient plus encadrées par la Loi médicale mais bien par une législation qui leur est propre, sous la responsabilité de l’OIIQ. 

«Le collège recommande au gouvernement du Québec que les IPS soient autorisées à exercer des activités médicales à la hauteur de leurs compétences et de leurs connaissances en vertu d’une loi et de règlements qui ne soient plus assujettis à la Loi médicale», a affirmé M. Gaudreault.

Pour Luc Mathieu, «nous sommes devant une ouverture sans précédent du Collège des médecins qui permettra d’augmenter l’accès aux soins et aux services pour la population québécoise. C’est ça, la bonne nouvelle».

Danielle McCann compte déposer un projet de loi cet automne pour «élargir complètement le champ de pratique des IPS en lien avec leur formation qu’elles ont, en première ligne et même au niveau des services spécialisés». Elle se donne un an pour compléter l’opération – des règlements devront également être adoptés.

«Les IPS vont pouvoir diagnostiquer les problèmes de santé courants, des maladies chroniques également. Elles étaient limitées à six maladies chroniques, mais là ça va s’ouvrir à l’ensemble des maladies chroniques, l’ensemble des problèmes de santé courants. En première ligne, ça va avoir un impact important, elles n’auront pas à se référer systématiquement aux médecins de famille. Et pour le médecin de famille, ça prend beaucoup de temps. Alors ça, ça va cesser», a expliqué la ministre.

Les IPS devront toujours se référer aux médecins dans le cas de multipathologies ou de cancers.

L’annonce de la ministre est «majeure», selon la présidente de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec. «Dorénavant, toute maladie chronique, on va penser par exemple à l’ostéoporose, pour lequel on allait rencontrer le médecin partenaire pour prendre une décision, on n’aura plus à faire ça», a-t-elle affirmé. Des IPS ayant des expertises particulières, en pédiatrie et en santé mentale par exemple, pourront également «agir au maximum de leurs compétences».

Les médecins touchent un forfait pour superviser une IPS – autour de 30 000 $ – une pratique dénoncée par la Coalition avenir Québec lorsqu’elle était dans l’opposition. Ce sera bientôt la fin de cette forme de rémunération? «Je peux vous dire qu’il y aura des ajustements sûrement», a répondu Mme McCann.

Il existe 600 IPS au Québec à l’heure actuelle qui œuvrent dans les groupes de médecine familiale, des CLSC et des hôpitaux. Le gouvernement souhaite qu’il y en ait 2000 en 2023-2024.