S'il avait subi une opération traditionnelle pour lui retirer la tumeur logée dans le bas de son dos, Xavier Duquesnoy aurait dû faire une croix sur le tennis.

Or, pour l'adolescent de 13 ans, le tennis est « toute sa vie ».

Un neurochirurgien du CHU Sainte-Justine l'a bien compris.

Le Dr Alexander Weil lui a proposé une intervention chirurgicale minimalement invasive qu'il avait déjà réalisée sur des adultes au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), mais jamais encore sur un enfant. Le neurochirurgien partage son temps entre les deux hôpitaux montréalais.

Xavier est le premier jeune patient à bénéficier de cette nouvelle approche au Québec.

« Le Dr Weil nous a offert un cadeau du ciel », lance la mère de Xavier, Stéphanie Guilbert.

Des douleurs horribles

Il y a un an, alors que l'adolescent et sa famille étaient en vacances dans Charlevoix pour la relâche, leur monde s'est écroulé.

Cela faisait déjà plusieurs mois que Xavier avait d'horribles douleurs au dos. Il sentait aussi des engourdissements dans une jambe.

En effet, quelques mois plus tôt, en novembre 2017, le jeune joueur de tennis avait fait une mauvaise chute sur le dos en tentant de réaliser un smash lors d'un tournoi.

À l'époque, le sportif, alors âgé de 11 ans, s'entraînait 10 heures par semaine en plus de participer à une vingtaine de tournois par an. Il était classé dans le top 50 des joueurs de moins de 13 ans dans la province.

Les premiers médecins consultés ont conclu à une hernie discale.

Le garçon a reçu des traitements de physiothérapie. Un médecin lui a prescrit des orthèses.

« On lui disait que cela allait finir par se replacer », se rappelle sa mère.

Or, le temps passait et Xavier n'allait pas mieux. Les douleurs le réveillaient la nuit. Il n'arrivait plus à s'entraîner. Ses parents se sentaient impuissants.

L'enfant a alors été dirigé au CHU Sainte-Justine, où une physiatre lui a fait passer une série d'examens.

Les tests ont eu lieu à la veille de la relâche scolaire, un vendredi. Le lundi, les parents ont reçu un appel de la physiatre. Elle n'avait pas de bonnes nouvelles.

Xavier n'avait pas de hernie discale, mais une tumeur osseuse rare logée dans le bas de son dos, leur a annoncé la médecin spécialiste.

Toute la famille rentrait d'urgence à Montréal.

« J'étais très malade »

« J'étais sous le choc. J'ai compris que j'étais très malade », se souvient l'adolescent, qui a été pris en charge par le Dr Weil dès son retour en ville.

« La tumeur située au niveau des vertèbres L5/S1 poussait sur les nerfs de son dos et de sa jambe droite. C'est ce qui lui causait de si grandes douleurs et des engourdissements », explique le neurochirurgien.

Après que le médecin leur eut expliqué toutes les options et les risques associés, Xavier et sa famille ont opté pour la nouvelle procédure jamais encore réalisée au CHU Sainte-Justine.

La journée de l'opération, le 16 juillet dernier, les parents de Xavier n'avaient jamais été aussi nerveux de leur vie.

« Notre fils a toujours été en parfaite santé. S'il a pris des antibiotiques deux fois dans toute sa vie, c'est beau, décrit la mère de l'adolescent, alors de le savoir sur une table d'opération durant plusieurs heures pour une chirurgie aussi délicate, c'était vraiment stressant. »

Ce jour-là, le Dr Weil a pratiqué une toute petite incision de 2 cm dans le bas du dos de l'adolescent plutôt que d'« ouvrir » tout le bas du dos comme le veut la technique standard.

Le neurochirurgien a ensuite introduit un rétracteur tubulaire pour séparer minutieusement les muscles du dos et ainsi accéder à la tumeur avec un angle lui permettant d'épargner l'articulation entre les deux vertèbres du dos (L5 et S1) où la masse de 2,5 cm était située.

Le médecin a retiré toute la tumeur au terme d'une opération de six heures.

« Avec cette approche, on a pu préserver l'articulation entre les vertèbres L5 et S1 et ainsi éviter de fusionner ces vertèbres avec des plaques et des vis », explique le Dr Weil, qui était assisté durant cette intervention délicate du Dr Daniel Shedid, du CHUM.

« Quand on fusionne deux vertèbres, la mobilité est réduite et les risques d'infection, de pertes sanguines et d'atteinte neurologique sont plus importants », souligne le Dr Shedid, qui fait ce genre d'opération minimalement invasive au CHUM depuis 2005. Avec la fusion des vertèbres vient aussi le risque de devoir réopérer le patient, car une fusion peut accélérer la dégénérescence des vertèbres adjacentes.

Autre avantage d'une intervention chirurgicale moins invasive : le patient prend moins de narcotiques à la suite de l'opération et peut ainsi retourner plus vite à sa vie normale. La convalescence est beaucoup plus rapide.

« Si Xavier avait eu les vertèbres fusionnées, il en aurait eu pour six mois avant de remarcher et il n'aurait jamais pu pratiquer le tennis à un niveau élite », fait valoir sa mère, très reconnaissante.

L'adolescent a récupéré très vite de l'intervention chirurgicale. Le lendemain de l'opération, Xavier a pu quitter l'hôpital sur ses deux pieds. « Il a même fait un petit jogging dans le corridor », décrit sa mère. Il n'a pas eu besoin de prendre d'antidouleurs.

Le neurochirurgien a mis en place une belle complicité avec son jeune patient. « C'est toujours le fun d'aller voir le Dr Weil, lance Xavier. Il prend le temps de tout m'expliquer avec des dessins et il trouve tout le temps des solutions aux problèmes. »

Xavier est aujourd'hui de retour sur les terrains de tennis. Il rêve de suivre les traces de son idole Denis Shapovalov. Ou peut-être bien qu'il deviendra pilote d'avion. Il ne le sait pas encore. Chose certaine : le Dr Weil lui a permis de continuer à pratiquer le sport qu'il aime le plus au monde. « On a été tellement chanceux de tomber sur lui, dit la mère de Xavier. Dans la famille, on le surnomme le magicien. »