Une médecin qui a notamment prescrit des milliers de comprimés de narcotiques à un proche vient d'être radiée pour quatre mois par le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec.

La Dre Isabelle Larouche, médecin de famille, a admis sa culpabilité à trois chefs d'infraction pour avoir, pendant plus de 30 mois, délivré un nombre « effarant » d'ordonnances à trois personnes de son entourage, écrit le Conseil dans sa décision.

La Dre Larouche exerce la médecine familiale depuis 2013. Entre mai 2015 et novembre 2017, elle a rédigé plusieurs ordonnances médicamenteuses pour un de ses proches, pour qui elle a agi comme médecin de famille « dépanneur » pendant huit mois. Dans la liste des médicaments prescrits par la Dre Larouche à cette personne se trouvent, entre autres, plus de 5500 comprimés d'Oxycodone.

En décembre 2017, une pharmacie a créé un « dossier Alerte » au nom du patient visé et a mis la situation au jour.

Dans son témoignage, la Dre Larouche a affirmé que « lors de la première ordonnance en 2015, elle espérait qu'elle n'offrait qu'un dépannage » à son proche, est-il écrit. Mais celui-ci se serait ensuite retrouvé sans médecin de famille. La Dre Larouche dit avoir subi « beaucoup de pression pour émettre ces ordonnances » et s'être retrouvée dans « un cercle vicieux, dans une spirale ».

En plus de cette infraction, le Conseil de discipline reprochait à la Dre Larouche d'avoir rédigé pendant 17 mois plusieurs ordonnances de Ritalin, de Concerta et d'Ativan à une deuxième personne de son entourage, et d'avoir rédigé une ordonnance de Concerta renouvelable 11 fois en juin 2017 et une ordonnance d'Ativan en novembre 2017 à une troisième personne de son entourage.

Manquements graves

La Dre Larouche a plaidé coupable aux trois chefs de la plainte. Elle a admis rapidement les faits et a émis des regrets, peut-on lire dans la décision. La Dre Larouche a reconnu avoir commis des « manquements graves de jugement ». Elle a toutefois affirmé que son milieu de travail actuel est sain, que ses collègues et patients l'apprécient. Selon elle, ses risques de récidive sont faibles. Un avis que le Conseil de discipline dit avoir « décidé de croire ».

Dans sa décision, le Conseil de discipline souligne toutefois que les faits reprochés sont « graves » et qu'ils se sont échelonnés sur une longue période. Le Conseil constate que « malgré le repentir qui anime l'intimée, il en résulte une forme d'insouciance de sa part ».

Dans sa décision, le Conseil de discipline note que le nombre de comprimés prescrits par la Dre Larouche est « effarant » et mentionne que le type de médicaments, soit majoritairement de l'Oxycodone, « est un puissant narcotique qui peut créer une dépendance ». Le Conseil de discipline a accepté la suggestion conjointe des deux parties et a imposé des périodes de radiation de quatre mois au premier chef, et de trois mois aux deux autres chefs, le tout à être purgé concurremment.