Le député caquiste de Saint-Jérôme, Youri Chassin, a tenu à prendre ses distances, mardi, par rapport à une pétition qu'il parraine à l'Assemblée nationale sur la vitamine C, dans une affaire de menaces visant le pharmacien Olivier Bernard, surnommé le «Pharmachien».

Dans une publication Facebook, M. Chassin a rappelé que cette pétition est une «initiative citoyenne», et non politique, et que ce n'est pas une position défendue par le gouvernement caquiste. Un autre élu a toutefois rappelé qu'un député, s'il n'est pas à l'aise avec la pétition, peut recommander l'instigateur de la pétition à un de ses collègues.

Olivier Bernard avait dénoncé lundi les menaces dont il avait été l'objet après avoir écrit un article scientifique qui remettait en question le traitement de vitamine C injectable contre le cancer.

Selon ce qu'il rapporte, des individus lui ont alors écrit qu'ils allaient lui «régler son cas», ont publié l'adresse de son lieu de travail, ont incité à porter plainte massivement contre lui à l'Ordre des pharmaciens, et s'en sont même pris à sa conjointe.

M. Bernard avait interpellé M. Chassin en lui demandant en quoi une pétition, une commission parlementaire, ou encore, un registre sur l'injection de vitamine C, comme le demande la pétition, pourrait permettre d'en apprendre davantage sur le plan scientifique concernant la vitamine C injectable. Selon le pharmacien, il s'agit plutôt d'une «stratégie de lobbying politique qui contourne le processus scientifique», ce qui de surcroît comporte des risques pour la médecine et la santé publique.

«Vous devez certainement savoir que ce type de question ne peut trouver de réponse par la voie politique, mais seulement par la démarche scientifique, a fait valoir le pharmacien. Aucune des mesures proposées dans la pétition n'est un substitut ou même contribue à la recherche clinique [...].»

M. Chassin n'avait pas répondu au Pharmachien, mais avait indiqué dans une réponse à un internaute: «[...] contrairement au Pharmachien, je pense qu'un registre présente un intérêt, notamment pour donner des pistes quant aux possibles effets réduisant l'efficacité de la chimio».

Dans sa publication de mardi, M. Chassin a tenu à dénoncer toute forme d'intimidation à l'encontre de M. Bernard.

Il a dit avoir accepté de parrainer cette pétition simplement pour aider ses concitoyens, puisqu'elle est l'initiative d'une citoyenne de Saint-Jérôme, Nathalie Prud'Homme, elle-même atteinte d'un cancer.

«À ce stade-ci, la science ne soutient pas la prescription de vitamine C dans des cas de cancer, écrit M. Chassin. Il est donc totalement faux de prétendre que l'injection de vitamine C pour traiter des cancers ou autres maladies dégénératives est une position défendue par la CAQ et donc, du gouvernement du Québec. Cela ne veut pas dire que je ne compte pas porter le message de Mme Prud'Homme à l'Assemblée nationale, comme l'avait fait d'ailleurs mon prédécesseur, (l'ancien député) Marc Bourcier.»

En entrevue téléphonique concernant un autre enjeu, le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, a toutefois rappelé qu'un élu mal à l'aise avec une pétition peut recommander son instigateur à un autre collègue, ou encore, s'en dissocier.

« On peut être la porte d'entrée pour l'Assemblée nationale, mais on peut clairement affirmer qu'on n'est pas d'accord avec la pétition. Dans ce cas, il faut être prudent. »

À ce jour, la pétition a récolté plus de 115 000 signatures. La Presse canadienne a tenté de contacter M. Chassin, mais il est à l'étranger.