(Toronto) Le sénateur démocrate Bernie Sanders, qui souhaite devenir président des États-Unis, a déclaré jeudi qu’il viendrait bientôt au Canada avec un groupe de diabétiques pour acheter de l’insuline à moindre coût.

Le sénateur du Vermont a déclaré sur Twitter qu’il prévoyait faire le voyage vers la fin du mois.

De façon générale, un flacon d’insuline pour réguler le sucre dans le sang des personnes atteintes de diabète de type 1 coûte environ 340 $ US aux États-Unis, soit environ 10 fois plus qu’au Canada.

M. Sanders, qui critique depuis longtemps les sociétés pharmaceutiques pour le prix de leurs médicaments sur ordonnance, avait effectué un voyage similaire au Canada en 1999. Il accuse l’industrie de ne pas servir les intérêts de la population américaine.

« En 1999, j’ai accompagné au Canada des (Américaines) de la classe ouvrière aux prises avec le cancer du sein afin d’acheter le même médicament pour un dixième du prix qu’elles payaient aux États-Unis », a écrit M. Sanders jeudi.

L’équipe de campagne du candidat à l’investiture démocrate n’a pas immédiatement répondu à une demande de précisions sur ce voyage au Canada. Selon la chaîne CNN, M. Sanders et des diabétiques doivent se rendre à Windsor, en Ontario, en provenance de Detroit, de l’autre côté du pont.

À la fin du mois dernier, un groupe de diabétiques de type 1 du Minnesota avait traversé la frontière pour acheter de l’insuline à London, en Ontario. L’un des organisateurs, Quinn Nystrom, qui participait pour la deuxième fois à une telle expédition, a déclaré que les prix de l’insuline au sud de la frontière avaient explosé depuis 20 ans.

« Un Américain sur quatre rationne son insuline parce qu’il n’en a pas les moyens, alors des gens en meurent », a soutenu Mme Nystrom, âgée de 33 ans, dans une récente entrevue.

« Tourisme médicamenteux »

Les règles actuelles autorisent les Américains à rapporter aux États-Unis un maximum de trois mois d’approvisionnement personnel en médicaments achetés au Canada. Quatre États, dont la Floride, ont adopté une loi qui autorise l’importation en gros ou au détail de médicaments. Puisque l’insuline est en vente libre au Canada, il n’y a pas de mécanisme de suivi permettant de déterminer la quantité de ce médicament qui pourrait prendre la route des États-Unis.

Bien qu’il soit encore relativement modeste, le « tourisme médicamenteux » suscite des inquiétudes au Canada. Barry Power, directeur principal de l’Association des pharmaciens du Canada, a mis en garde le gouvernement sur le risque de perturbation du marché. Une porte-parole de la ministre fédérale de la Santé a déclaré que le gouvernement surveillait la situation de près.

Le Canada, à l’instar d’autres pays industrialisés, réglemente le prix des médicaments par le biais d’un conseil quasi judiciaire de révision des prix, dont le mandat est d’empêcher toute fraude. Aux États-Unis, ce sont les forces du marché qui déterminent les prix.

Dans une entrevue accordée à CNN jeudi, M. Sanders a attribué la hausse du coût des médicaments aux États-Unis — et la disparité des prix entre les prix au Canada — à la différence entre les systèmes de soins de santé des deux pays.

« Le Canada a un système nationalisé, à payeur unique, qui lui permet de négocier de bien meilleurs prix avec les entreprises pharmaceutiques », a-t-il soutenu. « Dans notre pays, c’est une tout autre paire de manches. »