Les proches d'un patient de l'Hôpital de Hull qualifient de « scandaleux » l'état de vétusté de l'établissement.

Jean-Marc Gravel, de Longueuil, a contacté La Presse après avoir rendu visite jeudi à un petit-cousin atteint d'un cancer, dont il souhaite conserver l'anonymat, et soigné à l'Hôpital de Hull.

Lors de la visite, il s'est étonné de voir un « échangeur d'air » installé dans la fenêtre, avec un « tuyau attaché à [une feuille de] plywood » laissant entrer l'air froid.

« C'était patenté, ça n'a aucun sens ! », une situation qui détonnait toutefois avec le dévouement du personnel, qui était « absolument adorable », insiste-t-il pour dire.

Jean-Marc Gravel s'insurge contre la situation d'autant plus que son petit-cousin était placé « en isolement depuis deux jours parce qu'il était affecté par une bactérie ».

« Alors qu'on a bâti un CHUM [Centre hospitalier de l'Université de Montréal] ultramoderne à Montréal, qui correspond à la médecine moderne, en région, on entasse dans des édifices vétustes des patients [gravement malades]. »

Équipement temporaire

L'installation en question est un « système de ventilation à pression négative » dont la fonction est d'éviter la propagation d'infections, a expliqué à La Presse le coordonnateur clinique de l'Hôpital de Hull, Jimmy Harvey.

L'air de la pièce est ainsi envoyé directement à l'extérieur « pour éviter que les microbes puissent sortir de la chambre » et se propager dans l'hôpital.

Il s'agit donc d'un équipement temporaire qui n'est installé qu'en cas de besoin, « notamment pour des cas de tuberculose soupçonnés ou confirmés », précise M. Harvey, ajoutant qu'il y avait eu de tels cas « très récemment » à l'Hôpital de Hull.

Cet appareil n'était pas requis pour le petit-cousin de M. Gravel, mais l'hôpital affirme que le « délai » pour le retirer s'explique par la période du temps des Fêtes, particulièrement achalandée et durant laquelle il y a plusieurs employés en congé.

Jimmy Harvey reconnaît que ce n'est « pas la chose la plus isolée du monde », mais ajoute que « le chauffage est ajusté en conséquence et des couvertures supplémentaires sont fournies ».

« Pas un cas particulier »

L'avocat spécialiste en responsabilité médicale Jean-Pierre Ménard estime que la situation dénoncée par Jean-Marc Gravel n'est « pas un cas particulier ».

Il y aurait selon lui « des arrangements comme ça, broche à foin », dans « beaucoup, beaucoup d'hôpitaux » au Québec.

« On n'a pas fait l'entretien qu'on devait faire » dans de nombreux établissements de santé, ce qui force le personnel à « faire avec les moyens du bord », déplore Me Ménard.