Les seringues, l'alcool et les enfants ne font pas bon ménage. Une infirmière saguenéenne vient de perdre son droit d'exercice pour avoir vacciné des élèves alors qu'elle était en état d'ébriété.

Marie-Andrée Villeneuve supervisait une séance de vaccination dans une école primaire de Chicoutimi, en avril 2016, lorsqu'une collègue s'est rendu compte qu'elle dégageait une «forte odeur d'alcool».

Son employeur l'a aussitôt envoyée passer un test d'alcoolémie. Deux heures après le début de la séance, elle dépassait toujours la limite permise pour conduire.

Mme Villeneuve devait se limiter à ses tâches de supervision, mais l'infirmière avait décidé de vacciner cinq élèves de quatrième année, âgés de 9 ou 10 ans, avant d'être pincée. Aucun problème de santé n'a été rapporté.

«Les gestes commis par Mme Villeneuve sont graves», a écrit le conseil de discipline de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec dans une décision qui vient d'être rendue publique. «Les gestes commis par Mme Villeneuve minent la confiance du public envers les infirmières et portent ombrage à l'ensemble de la profession.»

Selon l'avocate de la syndique, il s'agit de «l'une des infractions les plus graves qu'une infirmière peut commettre».

La syndique clémente

L'infirmière, qui avait 12 ans d'expérience, a reconnu sa culpabilité aux accusations disciplinaires.

Son avocat et la syndique de l'ordre professionnel ont négocié une suggestion commune de cinq mois de suspension. Celle-ci aurait gagné à être «plus sévère» parce que l'infirmière «ne semble pas réaliser la gravité de son geste», a noté le conseil de discipline. 

«Une période de radiation temporaire plus longue lui aurait sans doute permis de faire une meilleure introspection.»

La suggestion commune a tout de même été entérinée.

Marie-Andrée Villeneuve, absente pour son audience, avait expliqué qu'elle s'était rendue chez sa voisine la veille de la séance de vaccination et qu'elle y avait bu «plusieurs verres» jusqu'au petit matin.

À l'audience, son avocat a plaidé que comme Mme Villeneuve avait pu vacciner des enfants, les effets de l'alcool ne devaient pas être «si évidents que ça» et que sa cliente était «en lendemain de veille». Joint par La Presse, il n'a pas voulu commenter le dossier.

Un problème réel

Ce n'est pas la première fois que les préfets de discipline des infirmières doivent se pencher sur les dossiers de professionnels qui pratiquent sans être en pleine possession de leurs moyens. Seulement depuis le début de 2018, il s'agissait du quatrième cas de pratique avec des facultés affaiblies à passer devant le conseil de discipline : la majorité d'entre eux concernent toutefois la consommation d'opioïdes volés au travail.

«Malheureusement, il y a trop d'infirmières et d'infirmiers qui exercent leur profession dans un état susceptible de compromettre la qualité des soins et des services en étant sous l'influence de boissons alcooliques, de stupéfiants ou de narcotiques», a expliqué l'avocate de la syndique, selon la décision. «Un message doit être envoyé à l'ensemble des infirmières et des infirmiers.»