Annoncé en grande pompe en juin dernier par le ministre de la Santé Gaétan Barrette, ce projet d'une durée de 18 mois devait voir le transport des premiers patients cet automne.

Or, le projet publié dans la Gazette officielle n'a pas été approuvé par le Conseil des ministres avant le déclenchement des élections, a expliqué le DLouis-Philippe Pelletier, médecin-conseil au ministère de la Santé, devant un auditoire composé de professionnels de la santé réunis vendredi à l'occasion d'un congrès sur la traumatologie qui se tenait au CHU Sainte-Justine.

« Il s'agit d'un projet intéressant. On espère qu'il va se poursuivre », a dit l'urgentologue qui pratique dans les Laurentides, invité à prononcer une conférence aux côtés d'un confrère torontois sur les tendances et les défis du transport aérien pour la traumatologie au Québec et en Ontario.

Ainsi, le déclenchement des élections a mis le projet en suspens. Il faudra attendre de voir si le parti élu le 1er octobre souhaite le concrétiser ou le reléguer aux oubliettes, a indiqué le médecin-conseil au ministère de la Santé.

Le projet prévoit le transport de patients strictement entre hôpitaux, et non des interventions directement sur le terrain. Les six établissements de santé qui ont été retenus sont les hôpitaux de Shawinigan, de La Tuque, de Joliette, de Mont-Laurier, de Rivière-Rouge et de Sainte-Agathe. Des installations simples seront mises en place dans ces établissements pour accueillir les hélicoptères.

À VALIDER

Ce projet - s'il se concrétise - améliorera-t-il les chances de survie des patients traumatisés ? « L'hélicoptère est un outil, mais sans un excellent système de traumatologie en place, il ne va rien changer », a souligné le Dr Pelletier.

L'urgentologue a donné l'exemple de Mont-Laurier, dans les Laurentides, où trois ambulances traditionnelles desservent l'ensemble du secteur de jour. À l'urgence de ce petit hôpital, il y a typiquement cinq civières et un médecin de garde.

« Prenons un cas d'accident de la route avec deux blessés graves qui nous arrivent à Mont-Laurier et qu'on doit transférer d'urgence à l'hôpital du Sacré-Coeur [doté d'un centre de traumatologie tertiaire] : on est rapidement dépassés en termes de ressources, a souligné le Dr Pelletier. Ça prend deux ambulances qui vont mettre 2 h 15 de route (donc 4 h 30 aller-retour) pour se rendre à Sacré-Coeur. Il ne te reste plus grand monde pour faire rouler l'urgence. »

Dans ce genre de cas, un hélicoptère-ambulance avec un médecin à bord pourrait être utile, croit l'urgentologue qui affirme toutefois que davantage de données doivent être récoltées ; ce que vise également le projet pilote.

En Ontario, le système de transport ambulancier par hélicoptère - qui existe depuis 40 ans - emploie 600 personnes et est doté de 12 hélicoptères répartis sur autant de bases un peu partout dans la province. Le programme a coûté 185 millions aux contribuables l'an dernier (essentiellement des coûts fixes d'entretien de la flotte et des salaires).

Au Québec, le projet pilote - s'il va de l'avant - prévoit que deux hélicoptères d'Airmedic et une dizaine d'employés y seront consacrés en exclusivité. Les coûts du projet sont évalués à 3 millions de dollars. « C'est un premier pas », a conclu le Dr Pelletier lors de sa conférence de vendredi.

Au cabinet du ministre de la Santé sortant, on se veut rassurant sur le sort du projet pilote. «Le projet nécessitait un règlement. Il a été prépublié le 4 juillet dernier. Comme tous les règlements, la période de prépublication était de 45 jours. Il suit donc les étapes normales, comme tous les projets de règlements», a indiqué l'attachée de presse du Ministre, Catherine W. Audet.