Dans un tout dernier rapport avant son abolition, le Commissaire à la santé et au bien-être lance des fleurs et le pot au ministre Gaétan Barrette.

Ses réformes « semblent produire certains effets puisque les différents délais à l'urgence ont diminué entre 2014-2015 et 2016-2017 », donc au cours des deux dernières années, écrit la commissaire par intérim Anne Robitaille dans un rapport rendu public mardi, deux jours avant la fermeture définitive des bureaux de l'organisme.

Or, le vieillissement de la population durant ces deux années « a annulé une partie des gains réalisés ». L'augmentation du nombre de personnes âgées « entraîne un alourdissement de la clientèle aux urgences qui se traduit par un allongement des délais ». Comme le phénomène s'intensifiera dans les prochaines années, « il faudra redoubler d'efforts pour que la population puisse bénéficier concrètement de l'amélioration de la situation dans les urgences du Québec », estime le Commissaire.

Ainsi, le séjour moyen à l'urgence est passé de 9,24 heures à 8,93 heures entre 2014-2015 et 2015-2016 puis est remonté à 9 heures en 2016-2017. Il s'agit globalement d'une baisse de 2,6 % en deux ans.

C'est parce que les patients sont plus âgés et leurs besoins plus lourds qu'il y a eu une hausse de l'attente entre 2015-2016 et 2016-2017. Le Commissaire a ainsi ajusté la statistique pour en tenir compte : si la population aux urgences avait été comparable au cours de la période, il n'y aurait pas eu d'allongement des délais dans la dernière année. Le séjour moyen « ajusté » était ainsi de 8,75 heures en 2016-17, ce qui représente une baisse de 5,5 % par rapport à deux ans plus tôt. Son avertissement sur les impacts du vieillissement de la population devient d'autant plus important.

Dans un rapport dévastateur publié en juin 2016, le Commissaire - Robert Salois à l'époque - avait conclu que le Québec affiche la pire performance en Occident. La norme internationale est de quatre heures pour le séjour moyen à l'urgence. Le Québec est donc toujours très loin de l'atteindre.

Toujours à l'urgence, Anne Robitaille note une baisse du délai de prise en charge médicale de six minutes ou 3,9 % en deux ans. Il atteint 2 heures et 30 minutes. Les écarts sont cependant importants d'une région à l'autre.

En deux ans, le séjour moyen à l'urgence pour les visites sur civière des patients non hospitalisés a diminué de 6,5 % ou 50 minutes pour atteindre 12,09 heures. « Malgré cette amélioration notable, cette moyenne est beaucoup plus élevée que la cible du (Ministère) qui est de 8 heures », précise le rapport.

C'est le cas également pour les visites sur civière de patients hospitalisés. Le séjour moyen est passé de 24,27 à 22,70 heures. Or, la cible ministérielle est de 12 heures.

Toujours entre 2014-2015 et 2016-2017, le délai moyen pour les consultations de spécialistes a connu une baisse de 10,2 %. Il est passé de 7,96 à 7,14 heures, soit une baisse de près de 50 minutes. Là encore, le délai varie beaucoup selon les régions.

Le rapport du Commissaire traite également de l'utilisation des urgences en santé mentale. « Cette problématique est largement tributaire de l'organisation des services en santé mentale dans la communauté, note-t-elle. Les résultats montrent des séjours à l'urgence particulièrement longs et des différences régionales importantes. »

Gaétan Barrette a annoncé l'abolition du Commissaire à la santé au printemps 2016. Elle se concrétise avec l'omnibus budgétaire - projet de loi 150 - déposé par le ministre des Finances Carlos Leitao l'automne dernier. « Les quelques personnes encore en place auront quitté d'ici le 21 décembre, il n'y aura donc plus d'activités à nos bureaux à compter de ce moment », note Mme Robitaille.

Dans le dernier paragraphe de son rapport, elle souligne l'importance de mesurer les impacts des « importantes réformes mises en place dans le réseau de la santé et des services sociaux ces dernières années ». « Il faut continuer à suivre régulièrement la situation dans les urgences du Québec afin de pouvoir constater les effets de ces réformes et de surveiller en continu l'atteinte des objectifs, particulièrement en ce qui concerne l'amélioration de l'accès aux soins et services de santé », écrit-elle.