Le gouvernement de Philippe Couillard doit admettre que l'entente sur le financement des soins de santé qu'il a conclue avec le gouvernement fédéral le mois dernier « est mauvaise pour le Québec » et qu'il devra tôt ou tard couper dans les services, estime le Parti québécois.

Le porte-parole du Parti québécois en matière de relations Québec-Canada, Nicolas Marceau, s'est appuyé sur la publication d'une nouvelle étude sur les retombées de cette entente pour le Québec pour critiquer la décision du gouvernement Couillard d'accepter l'offre d'Ottawa le mois dernier

Dans un rapport publié mardi, l'Institut des finances publiques et de la démocratie (IFPD), un groupe de réflexion canadien fondé et dirigé par l'ancien directeur parlementaire du budget Kevin Page, estime que le Québec aurait dû tenir tête au gouvernement Trudeau en refusant de signer la récente entente sur le financement des soins de santé puisqu'Ottawa se trouvera à payer une part de moins en moins importante des dépenses totales liées aux soins de santé au Québec d'ici 2026, date de la fin de l'accord.

Dans le rapport, l'IFPD soutient que les nouveaux investissements du gouvernement fédéral dans les soins de santé au Québec (2,5 milliards de dollars sur 10 ans) seront nettement insuffisants pour absorber la hausse des couts du système découlant du vieillissement de la population et de l'inflation, entre autres facteurs.

La part du financement fédéral des soins de santé au Québec passera de 26,6 % en 2017 à 27,3 % en 2019 grâce à l'entente, mais elle déclinera graduellement à partir de cette date pour s'établir à 25,5 % en 2026.

Selon M. Marceau, le rapport de l'IFPD vient confirmer une analyse qui avait été commandée par le gouvernement Couillard au Conference Board du Canada en 2014. Québec voulait alors évaluer l'impact financier de la décision du gouvernement fédéral de ramener la hausse annuelle des transferts aux provinces sur la santé de 6 % à 3 % à compter de 2017.

« Il n'y a aucune surprise, ici. Philippe Couillard avait lui-même commandé une étude au Conference Board du Canada. La conclusion était exactement la même que celle de l'étude qui a été rendue publique aujourd'hui. Ainsi, Couillard et (le ministre de la Santé Gaétan) Barrette ont signé en sachant deux choses : que ça imposerait des coupes dans le futur, et qu'ils ne pourraient rien y changer », a affirmé M. Marceau dans un courriel à La Presse.

« Le problème, c'est que Couillard refuse d'admettre que c'est une mauvaise entente pour les Québécois et son propre gouvernement. Mais il ne veut pas grogner contre son maître. En fait, le premier ministre a tellement peur de donner du souffle au mouvement indépendantiste qu'il en est rendu à accepter n'importe quoi. Le Québec n'a plus aucun pouvoir à Ottawa », a-t-il dit.

Selon M. Marceau, le manque à gagner résultant de cette entente forcera Québec à faire des compressions.  « Devant ce constat d'échec, Couillard et Barrette doivent nous dire où ils vont couper. Puis, comme ces pertes sont cumulatives, ce qu'ils comptent faire pour stopper l'hémorragie. Enfin, comme nous savons que les médecins continueront d'être privilégiés par ce gouvernement, nous devons savoir qui écopera : les patients, les soins à domicile, les CHSLD? », a-t-il conclu.

Photo Jacques Boissinot, archives La Presse canadienne

Le porte-parole du Parti québécois en matière de relations Québec-Canada, Nicolas Marceau