Le gouvernement de la Colombie-Britannique a conclu une entente avec Ottawa sur les transferts fédéraux en santé, qui comprend notamment une enveloppe extraordinaire pour lutter contre la crise des opioïdes.

L'entente prévoit la hausse annoncée de 3,0 % par année des transferts fédéraux en matière de santé, et une enveloppe supplémentaire de 1,4 milliard sur 10 ans pour les «fonds dédiés»: 785,7 millions pour les soins à domicile et 654,7 millions pour la santé mentale.

La conclusion de cette entente constitue une rupture de ton du gouvernement libéral de Christy Clark, qui a toujours maintenu son opposition à l'offre d'Ottawa, et qui était solidaire du front commun des provinces récalcitrantes - avec le Québec, l'Ontario, l'Alberta et le Manitoba. Ces provinces réclamaient une hausse annuelle de 5,2 % des transferts fédéraux.

Les autres provinces et territoires avaient conclu tour à tour une entente bilatérale avec Ottawa après l'échec de négociations nationales juste avant Noël. Toutes les provinces avaient alors rejeté l'offre fédérale, qui prévoyait des fonds dédiés de 25 milliards sur cinq ans pour la santé mentale et les soins à domicile, en plus d'une hausse annuelle de 3,5 % des transferts fédéraux. Le Québec, notamment, estimait qu'Ottawa empiétait ainsi dans les champs de compétence provinciale en décidant où l'argent fédéral devait aller. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a parlé de «fédéralisme prédateur».

La crise des opioïdes, qui a fait 914 morts cette année en Colombie-Britannique, a peut-être fait pencher la balance dans cette province qui était un pilier du front commun contre l'offre d'Ottawa. Le mois dernier, le ministre de la Santé de Colombie-Britannique, Terry Lake, disait se sentir trahi par l'approche «diviser pour régner» adoptée par Ottawa depuis l'échec des négociations nationales de décembre.

«Nous pourrons notamment améliorer les soins à domicile offerts aux aînés ainsi que les services destinés aux personnes aux prises avec un problème de santé mentale ou un problème de toxicomanie», a indiqué vendredi le ministre Lake, flanqué de son homologue fédérale, Jane Philpott.

Réaction à Québec

Interrogé vendredi sur ce nouvel effritement du front commun des provinces, le premier ministre Philippe Couillard n'a pas semblé démonté. «En fin d'analyse, on verra quel est le résultat final de ça: le budget fédéral va être déposé, là. Nous, ce qu'on sait, c'est que la clause d'asymétrie va être préservée, ce qui est déjà très important pour le Québec, qu'on avait gagnée en 2004 et qu'on va préserver - ça, on le sait de façon précise.»

En décembre dernier, avant les négociations nationales, M. Couillard soutenait que Justin Trudeau l'avait assuré qu'Ottawa respecterait cette clause d'asymétrie, qui assure le Québec de pouvoir établir ses propres priorités en matière de santé dans le cadre de toute entente avec le gouvernement fédéral. Cette clause d'asymétrie avait été obtenue alors que M. Couillard était ministre de la Santé dans le gouvernement de Jean Charest.

M. Couillard a par ailleurs répété l'argument qu'il tient depuis l'an dernier: le gouvernement fédéral veut réduire sa participation alors que les pressions sur le système de santé augmentent de façon continuelle.

Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve

Le premier ministre Philippe Couillard