Il a pris sa retraite il y a 14 ans, mais le Dr André Plante n'a jamais cessé d'aider ses voisins. Depuis des années, il leur prescrit des anti-inflammatoires pour traiter des raideurs, ou encore des anxiolytiques pour les aider à dormir. À partir de la semaine prochaine, tout cela va cesser. Et toutes ses connaissances devront faire la queue dans les cliniques et les urgences, dénonce l'ancien professeur.

« Si ma voisine fait de l'asthme, qu'elle est allergique aux chats, qu'elle a besoin de Ventolin et qu'elle en a déjà eu, est-ce qu'il faut absolument qu'elle attende 12 heures aux urgences ou qu'elle demande une consultation qui va être chargée au gouvernement ? », s'insurge le citoyen de Sherbrooke.

Le médecin a enseigné la médecine à l'Université de Sherbrooke de 1973 à 2002. Il a pris sa retraite en tant que vice-doyen de la Faculté de médecine.

À compter du 1er juillet, il ne sera plus autorisé à utiliser le titre de « docteur ». Il est l'un des nombreux retraités qui ont choisi de quitter le Collège des médecins, perdant ainsi le droit de prescrire des médicaments.

Le Dr Plante calcule qu'il prescrivait au maximum « une cinquantaine » d'ordonnances par année à des voisins ou à des connaissances. À l'occasion, il les aidait à obtenir des rendez-vous chez des spécialistes.

Mais pas pour longtemps. Lorsque la réforme entrera en vigueur, la semaine prochaine, seuls les « membres actifs » de l'ordre pourront prescrire des ordonnances.

Le médecin dit se sentir expulsé par son ordre professionnel.

André Plante refuse de payer les 1400 $ par année que coûtera désormais son adhésion au Collège. Sans compter qu'il devrait aussi obtenir une assurance professionnelle, une facture d'environ 1500 $ par année.

Comme plusieurs de ses collègues, M. Plante s'insurge contre la réforme du CMQ. À ses yeux, l'ordre professionnel cherche davantage à empêcher la pratique bénévole de la médecine qu'à favoriser l'accès du public à des soins. Et il le fait au moment où des pharmaciens et des infirmières praticiennes obtiennent le droit de prescrire certains médicaments.