Le réseau de la santé a encore fort à faire pour atteindre la parité hommes-femmes dans ses conseils d'administration. Actuellement, 11 des 28 établissements de santé de la province n'atteignent pas les cibles de parité qui seront exigées par la loi dans trois ans.

Au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides, 10 des 15 administrateurs sont des hommes. Au conseil d'administration du CISSS de Lanaudière, 10 des 16 sièges sont occupés par des hommes.

L'ancienne présidente du Conseil du trésor Monique Jérôme-Forget milite depuis longtemps pour la parité hommes-femmes dans les conseils d'administration. Selon elle, cet équilibre est primordial, puisque les femmes « apportent une vision et une compréhension différentes des enjeux ». « Dans le réseau de la santé, il y a énormément de femmes qui seraient compétentes pour y travailler », dit-elle.

La Loi modifiant l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux (projet de loi 10) est entrée en vigueur le 1er avril 2015. Selon cette loi, les conseils d'administration des établissements de santé sont composés de six membres désignés par des groupes de professionnels locaux, dont le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens, et de onze membres nommés par le ministre de la Santé. La loi prévoit que les conseils d'administration devront éventuellement être constitués « en parts égales de femmes et d'hommes ».

« Lorsque la différence entre les femmes et les hommes est d'au plus deux, l'égalité entre eux est présumée », peut-on lire à l'article 17 de la loi, qui précise aussi que le poste de président-directeur général « n'est pas pris en compte aux fins de ce calcul ».

Selon ces exigences, 17 établissements de santé respectent actuellement la parité hommes-femmes dans leur conseil d'administration. Et deux favorisent les femmes.

Au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on explique qu'un article de la loi 10 a permis à Québec de ne pas respecter totalement la parité pour la première ronde de nominations aux conseils d'administration, annoncées l'automne dernier. Les membres désignés ont pu être exemptés de cette exigence.

Julie White, attachée de presse du ministre Barrette, précise que « la mise en place de la loi 10 prévoyait que les membres indépendants seraient nommés en premier, pour lancer la réforme ».

Celle-ci indique que lors de la prochaine vague de nominations, dans trois ans, les membres désignés seront choisis en premier et Québec pourra s'ajuster. « Par exemple, si 100 % des membres désignés sont des hommes, les membres indépendants devront être choisis pour rétablir la parité », dit-elle.

Dans un entretien accordé à La Presse, le ministre Barrette ajoute que les nominations qu'il a faites pour les membres indépendants « respectent la parité », à l'exception d'un établissement où un poste doit être pourvu.

Josée Marcotte, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), déplore que plusieurs CISSS ne respectent pas déjà la parité. « En santé, les femmes sont les principales travailleuses dans plusieurs secteurs. On ne peut que déplorer la place faite aux femmes sur les conseils d'administration des établissements de santé », déclare-t-elle.