Estimant que la normalisation des frais accessoires au Québec est une «taxe santé pour les aînés», une Coalition regroupant plus de 500 000 personnes âgées estime que Québec doit mettre un terme à cette pratique ou refiler la facture aux médecins de la province.

«Il n'est jamais trop tard pour réparer une erreur. Le ministre de la Santé doit protéger le réseau public», estime Pierre-Paul Côté de l'Association des retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec (AREQ).

Le 10 novembre, le gouvernement a adopté le projet de loi 20 qui normalise les frais accessoires pour certains soins. La liste des frais autorisés sera annoncée  au cours des prochains mois.

En conférence de presse ce matin, la coalition d'aînés a vertement critiqué le gouvernement pour cette décision qui touche particulièrement les personnes âgées. «Les frais accessoires remettent en question le principe de l'accessibilité des soins, dénonce Donald Tremblay de l'Association québécoise des retraités  des secteurs public et parapublic (AQRP). Les personnes âgées sont plus vulnérables et consomment plus de soins de santé. Ils sont donc bien plus touchés par les frais accessoires.»

Maurice Dupont de la FADOQ rappelle que la Loi canadienne sur la santé interdit les frais accessoires. «On aimerait que le Québec soit rappelé à l'ordre dans sa dérive de privatisation en douce des soins de santé», dit-il.

Pierre-Paul Côté, de l'AREQ, affirme qu'il est faux de dire que Québec n'a pas d'argent pour payer les frais accessoires, évalués à environ 50 millions par année. Il rappelle que la rémunération des médecins a bondi de plus de 300 millions uniquement l'an dernier. «Comment le gouvernement peut-il donner son feu vert à une taxe de 50 millions en permettant aux médecins de facturer des frais accessoires alors qu'il a perdu le contrôle de la rémunération de ces mêmes professionnels?», demande M. Côté.

M. Tremblay ajoute que déjà dans les enveloppes de rémunération des médecins, des montants étaient prévus pour les frais accessoires. «Pourquoi refiler aujourd'hui la facture aux patients? On devrait payer ces frais à même l'enveloppe des médecins», dit-il. 

La coalition d'aînés est choquée de voir que le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, justifie la normalisation des frais accessoires en disant encadrer une pratique qui existait déjà. «Ce n'est pas parce que ça existait déjà que c'est justifiable!», plaide M. Tremblay, qui presse Québec de revenir sur sa décision.