La Loi concernant les soins de fin de vie, entrée en vigueur au Québec le mois dernier, soulève bien des questions auprès de la population. À un point tel que le Collège des médecins demande au gouvernement de lancer une campagne d'information pour préciser que le Québec n'est pas un « bar ouvert » pour l'euthanasie.

« Ce que la loi québécoise prévoit, ce n'est pas un bar ouvert. Les patients ne peuvent pas réclamer l'euthanasie comme ils le veulent. Plusieurs critères existent. On aurait aimé une campagne du gouvernement à ce sujet », affirme le secrétaire du Collège des médecins du Québec, le Dr Yves Robert.

Depuis l'adoption de la Loi concernant les soins de fin de vie, le 10 décembre, des patients questionnent leur médecin pour savoir s'ils ont droit à l'aide médicale à mourir.

Selon le Dr Lussier, qui a été nommé à la Commission des soins de fin de vie, chargée d'étudier tous les cas de patients qui réclameront l'aide médicale à mourir au Québec, le gouvernement devait lancer une campagne d'information en prévision de l'entrée en vigueur de la loi, le 10 décembre. « Mais il semble que les procédures judiciaires entourant l'entrée en vigueur de la loi aient bloqué cette campagne », dit le Dr Lussier.

Au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on confirme que la campagne d'information entourant la loi a été suspendue.

Mettre fin à la désinformation

L'avocat Jean-Pierre Ménard, spécialisé en défense des droits des patients, reçoit lui aussi des demandes de patients au sujet de l'aide médicale à mourir. « On pourrait faire plus pour informer la population. D'autant plus que plusieurs commentateurs continuent d'insinuer que la loi québécoise permet un accès quasi illimité à l'euthanasie, alors que ce n'est pas du tout le cas. Il faudrait le dire clairement », dit-il.

Lorsqu'elle était ministre responsable du dossier, Véronique Hivon avait indiqué à plusieurs reprises qu'une vaste campagne d'information sur la question des soins de fin de vie et de l'aide médicale à mourir aurait cours. Antonine Yaccarini, attachée de presse de Mme Hivon, souligne que pour la députée péquiste, la campagne doit avoir lieu, « bien qu'il aurait été souhaitable qu'une telle campagne démarre avant l'entrée en vigueur de la loi ».

Parmi les patients qui se demandent s'ils remplissent les conditions requises pour obtenir l'aide médicale à mourir, certains sont atteints de sclérose en plaques. Le Dr Robert explique que parmi les critères encadrant l'accès à l'aide médicale à mourir, seules les personnes « en fin de vie » peuvent l'obtenir.

Même si aucune définition de « fin de vie » n'est offerte dans la loi, le Dr Robert affirme que le patient doit être en « phase terminale ». « La mort doit être dans le décor dans quelques semaines, un an tout au plus », affirme-t-il. Le Dr Robert estime que certains patients risquent d'être frustrés de voir qu'ils ne sont pas admissibles et que le gouvernement devrait clarifier la situation.