Un groupe de chercheurs estime qu'il serait « possible de réduire l'incidence du VIH au Québec à des niveaux négligeables d'ici cinq ans » si un plan d'action « agressif et ciblé » était rapidement adopté par Québec.

Dans une lettre envoyée en octobre au ministre de la Santé Gaétan Barrette, 25 signataires impliqués dans la lutte contre le VIH soulignent que les « outils nécessaires pour contrer la transmission du VIH » sont maintenant disponibles et que Québec doit agir pour éradiquer cette maladie qui touche 15 000 personnes dans la province.

Efficacité prouvée

Signataire de la lettre, la Dre Cécile Tremblay, microbiologiste infectiologue et chercheuse au Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), explique que des études ont démontré l'efficacité de la prophylaxie préventive pour prévenir les nouveaux cas de VIH. Une nouvelle étude, à laquelle a participé la Dre Tremblay, sera d'ailleurs publiée aujourd'hui à ce sujet.

Grâce à l'efficacité de la prophylaxie, l'Organisation mondiale de la santé espère éliminer la transmission du VIH d'ici 30 ans.

Pour la Dre Tremblay et ses collègues, le Québec pourrait y arriver bien avant si une stratégie globale était mise en place. « En plus d'instaurer la prophylaxie préventive, il faudrait augmenter le taux de dépistage et améliorer les interventions auprès des personnes à risque », dit-elle.

Avec un plan d'action efficace, Québec « a le potentiel de réduire la transmission du VIH de 50 % en cinq ans au Québec », écrivent les signataires. « Continuer à faire ce que nous faisons depuis des années réussira sans doute à maintenir l'épidémie au niveau actuel, mais pas à l'éliminer », estiment-ils.

Encore des préjugés

Alors que se tient aujourd'hui la Journée mondiale du sida, un sondage mené pour ViiV Soins de santé Canada montre que les préjugés envers la maladie sont encore nombreux.

Par exemple, seulement 56 % des Canadiens sondés seraient à l'aise de partager une cuisine ou une salle de bains avec une personne séropositive.

« Encore aujourd'hui, il semble y avoir de l'incompréhension sur le mode de transmission du VIH », déplore le directeur général de ViiV Soins de santé Canada, Sébastien Le Roux. Ce dernier estime que les personnes vivant avec le VIH font encore l'objet de stigmatisation dans la société et que du travail doit être fait de ce côté. « Il faut aussi continuer le travail pour atteindre l'objectif des 90, soit que 90 % des patients atteints du VIH soient diagnostiqués, que 90 % des patients diagnostiqués soient traités et que 90 % des patients traités soient indétectables », affirme M. Le Roux.