Le porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ) en matière de santé, Éric Caire, estime que le gouvernement «tient un double discours à la limite de l'odieux» dans le dossier du ministre de l'Éducation, Yves Bolduc.

«Il y a un double standard: un pour les ministres libéraux et un pour les autres. C'est immoral», estime Éric Caire. Mais le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, persiste et signe: les directeurs de santé publique ne peuvent pas accomplir d'actes médicaux. Point final.

Hier matin, La Presse révélait que six directeurs de santé publique ont démissionné de leurs fonctions en juin pour protester contre des règles budgétaires imposées par Québec. Selon ces règles, les directeurs doivent se concentrer à 100% sur leur tâche et ne peuvent plus effectuer d'actes médicaux.

Éric Caire a rappelé que le ministre Bolduc a cumulé les fonctions de député et de médecin. «Comment accepter ce double standard?» a-t-il demandé.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a répété sur toutes les tribunes, hier, que la fonction de directeur de santé publique est «une fonction administrative exclusive» et que la loi prévoit cela depuis toujours, mais que seul son gouvernement a décidé de l'appliquer à la lettre dans une optique de «bonne gestion».

«Les directeurs de santé publique sont des hauts fonctionnaires et sont soumis aux mêmes règles qu'un sous-ministre. Ils ne peuvent plus pratiquer la médecine. Ils veulent le beurre et l'argent du beurre. C'est non. Bienvenue dans le système public», a-t-il affirmé.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne hier matin, le ministre Barrette a qualifié les médecins démissionnaires «d'opportunistes» parce qu'ils «ont décidé d'attendre le bon moment pour sortir sur la place publique», leur départ ayant été annoncé il y a plus de deux semaines.

Dans l'après-midi, le premier ministre Philippe Couillard a lancé un appel au calme et a demandé à tous de revenir à la politesse et à la civilité dans cette controverse.

Postes inutiles

Éric Caire croit pour sa part que la crise actuelle remet en question la pertinence des 18 postes de directeurs de santé publique de la province. «Des directeurs de santé publique disent que leur emploi ne les occupe pas assez et qu'ils ont le temps de pratiquer la médecine en plus. Leur emploi n'est donc pas si accaparant. Utilise-t-on ces ressources médicales de la bonne façon? Il est temps de faire le ménage», affirme-t-il.

Le président de l'Association des médecins spécialistes en santé communautaire du Québec, le Dr Yv Bonnier-Viger, assure que les médecins qui travaillent en santé publique occupent un rôle essentiel.

«Une société sans direction de santé publique, c'est l'équivalent d'un individu qui n'a pas de médecin. C'est à ses risques et périls», dit le Dr Bonnier-Viger.

Il ajoute que seulement 15 des 18 postes de directeurs de santé publique sont actuellement pourvus au Québec parce que le recrutement est difficile. «Le problème, c'est que les directeurs sont moins bien payés que le personnel qu'ils dirigent. Nous, ce que l'on réclame, c'est que les directeurs de santé publique soient rémunérés comme les médecins par la Régie de l'assurance maladie du Québec et non pas comme des cadres.»

«Les directeurs de santé publique font le choix d'une carrière publique. Ils doivent respecter les règles, dit le Dr Barrette. Moi-même, je suis moins payé que certains membres de mon équipe. Ça fait partie de l'emploi.»