Alors qu'il jongle avec l'idée de contester devant les tribunaux la loi québécoise sur l'aide médicale à mourir, le ministre fédéral de la Justice Peter MacKay invite les médecins à respecter le Code criminel, qui interdit noir sur blanc l'aide au suicide.

M. MacKay a lancé cet avertissement mercredi, au moment même où certains de ses collègues conservateurs affirmaient que le moment est peut-être venu d¹emboîter le pas au Québec et d'avoir un débat sur cette délicate question à l'échelle du pays.

«Respectez les sanctions actuelles dans le Code criminel. Voici le conseil que je leur donnerais», a affirmé sans ambages le ministre Peter MacKay.

Et à ses collègues du caucus conservateur qui souhaitent consulter la population canadienne, M. MacKay a opposé une fin de recevoir, affirmant que la Chambre des communes s'est déjà prononcé sur le sujet en 2010 en rejetant un projet de loi privé de l'ancienne députée bloquiste Francine Lalonde.

«Je le répète, notre gouvernement n¹a pas l¹intention de rouvrir ce débat», a-t-il dit. «N'oublions pas que la Chambre s'est clairement prononcée sur cette question en 2010. Il y avait une majorité claire à ce moment-là de maintenir les dispositions actuelles du Code criminel.»

M. MacKay a aussi affirmé qu'Ottawa attendra vraisemblablement la décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Lee Carter - une cause de la Colombie-Britannique qui sera entendue en octobre et qui vise à abolir la disposition du Code criminel interdisant d¹aider quelqu'un à se donner la mort ­avant de décider de prendre une décision finale quant à la contestation de la loi québécoise.

Plus tôt en matinée, le secrétaire parlementaire de M. MacKay, le député acadien Robert Goguen, a plaidé pour la tenue d¹une consultation pancanadienne.« On devrait faire notre propre consultation. Évidemment, le Québec a fait la sienne. Il faudrait qu'on aille chercher une perspective pancanadienne », a-t-il dit.

Rappelons que le député conservateur du Manitoba, Steven Fletcher, tétraplégique depuis qu'il a subi un accident de la route, a récemment présenté deux projets de loi visant à légaliser l'aide médicale à mourir, une initiative qui a reçu un accueil partagé chez ses collègues.

Québec rassurant

À l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé a voulu rassurer ses confrères médecins, tout en refusant de blâmer M. MacKay pour sa sortie «défensive».

Ottawa, a dit Gaétan Barrette, doit être en train d'évaluer l'opportunité de contester la loi sur l'aide médicale à mourir ­ surnommée «Mourir dans la dignité».

La position du ministre fédéral de la Justice correspond «de ce qui est peut-être traditionnel au Parti conservateur», a continué M. Barrette. «C'est une façon de ménager la chèvre et le chou.»

M. Barrette a refusé de parler de tentative d¹intimidation ou de mise en garde de la part d'Ottawa, se limitant plutôt à qualifier le prise de position de «manoeuvre».

Il a d'ailleurs souligné que le pouvoir de poursuivre repose entre les mains du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Une directive prévoyant de ne pas poursuivre les médecins qui appliquent la loi sur l'aide médicale à mourir pourrait facilement être émise, a dit Gaétan Barrette.

Peter MacKay «sait très bien que si nous on décide de ne pas poursuivre, il n'y aura pas de poursuite», a continué le ministre.