Une enquête réalisée auprès de 10 500 médecins au Canada laisse voir que ceux-ci sont particulièrement préoccupés par le difficile accès à des physiothérapeutes dans le système public, plus encore que par le manque de disponibilité des lits dans les hôpitaux.

La consultation est menée depuis 2004 par l'Association médicale canadienne, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et le Collège des médecins de famille du Canada.

Ils sont ainsi 70,1 pour cent - médecins généralistes et spécialistes confondus - à se dire insatisfaits de l'accès à des physiothérapeutes dans le réseau public. Il s'agit du taux d'insatisfaction le plus élevé parmi les 17 services proposés dans l'enquête.

À titre de comparaison, ils sont 56,3 pour cent au pays à qualifier d'insatisfaisante la disponibilité des lits dans les hôpitaux.

Cet accès parfois laborieux aux lits dans les hôpitaux demeure un irritant depuis belle lurette.

«C'est un problème réel. En proportion, il est moins important que la question des physiothérapeutes, mais ça reste un problème, effectivement, l'accès aux lits. Il y a des fois des problèmes d'engorgement des ressources et ça a un effet domino», souligne en entrevue la docteure Marie-Dominique Beaulieu, présidente du Collège des médecins de famille du Canada.

Elle ajoute que ce sont d'ailleurs les médecins d'urgence qui se plaignent le plus de cette situation.

Au moins, la situation semble s'améliorer à ce chapitre. «L'accès aux lits d'hôpitaux, ça s'améliore un peu avec le temps. On reste un peu dans les mêmes chiffres, mais il y a peut-être une amélioration de 5 ou 6 pour cent», note la docteure Beaulieu.

Au Québec

Au Québec, ce sont l'accès aux dossiers électroniques ainsi que l'accès aux physiothérapeutes dans le système public qui reçoivent les plus hauts taux d'insatisfaction des médecins qui ont participé à l'enquête.

Ce sont ainsi 68 pour cent des médecins québécois qui jugent insatisfaisant l'accès aux dossiers électroniques.

«Le Québec a été la dernière province à vraiment mettre ça sur pied. Le programme d'accès aux dossiers électroniques - un programme qui est robuste avec l'homologation de logiciels, où les médecins de famille savent c'est quoi les logiciels qui vont marcher chez nous, au Québec - c'est beaucoup plus récent. Et le programme, en fait, est vraiment lancé depuis à peu près huit mois. (Le mécontentement), c'est le reflet de cette situation-là», a avancé la docteure Beaulieu.

Reste qu'au Québec aussi, 77,4 pour cent jugent insatisfaisant l'accès aux physiothérapeutes rémunérés par le système public. «C'est le problème des physiothérapeutes, des ergothérapeutes aussi, des travailleurs sociaux. Ça découle du fait que pour les problèmes dont on s'occupe dans la communauté, ce n'est plus nécessairement l'hôpital ou une pilule qui est la solution à tous les problèmes», a souligné la docteure Beaulieu.

À titre de comparaison, 56,8 pour cent des répondants québécois ont jugé insatisfaisant l'accès aux lits dans les hôpitaux.

De façon générale, au pays, les médecins déclarent travailler en moyenne 54 heures par semaine, en soin direct aux patients, pour la recherche, l'enseignement et les tâches administratives. Environ 59 pour cent se disent satisfaits dans leur emploi, mais presque le tiers se disent surmenés.

La docteure Beaulieu souligne d'ailleurs que ce surmenage n'est pas seulement dû aux longues heures de travail, mais aussi «aux batailles pour l'accès aux ressources» que doivent parfois mener les médecins pour leurs patients.