Il fait chaud, l'air est humide et leur corps transpire, mais sans ressentir la chaleur. Ces personnes vulnérables, souvent affectées par une maladie mentale, doivent recevoir une attention particulière des autorités publiques pour les aider à passer à travers la canicule.

À l'Institut universitaire de santé mentale Douglas, situé dans l'arrondissement de Verdun, la direction a décrété l'état d'urgence pour l'ensemble de ses 5000 patients jeudi dernier. Une mesure nécessaire pour prévenir les coups de chaleur et éviter les décès, explique Hélène Racine, directrice des soins infirmiers à l'Institut.

«Nous avons 5000 personnes suivies avec des troubles mentaux graves. Il reste que nous avons 3000 personnes qui sont vulnérables en temps de chaleur accablante, au point de mourir», note-t-elle.

Jeudi dernier, les infirmières ont téléphoné individuellement à chacun de ces 3000 patients ciblés. De ce nombre, 400 sont contactés chaque jour depuis le début de la canicule, afin de leur rappeler les règles essentielles pour éviter les coups de chaleur et «s'assurer qu'ils comprennent» l'importance de les appliquer.

«Ces gens prennent des molécules qui affectent le système nerveux central. Ces médicaments abaissent le thermomètre interne. Donc, la personne qui est isolée dans un appartement, sans famille, et qui a chaud... ne s'aperçoit pas qu'elle a chaud, explique Mme Racine. On les voit, parfois, portant des vêtements chauds durant l'été, en train de se promener dans la rue.»

Insensibles à la chaleur

En plus des 400 appels téléphoniques, les infirmières de l'Institut visitent quotidiennement, depuis jeudi dernier, 80 patients à leur lieu de résidence. Sur place, elles prennent la température corporelle de la personne, distribuent des bouteilles d'eau et rappellent l'importance de boire souvent, de porter des vêtements légers et d'éviter l'activité physique.

En fin de journée, hier, La Presse a accompagné Nadia Fortin et Sandra Blanchette, des infirmières de l'Institut, lors d'une visite chez deux patients.

À notre arrivée, Ian Bernard, âgé de 51 ans, était en nage, complètement trempé, en train de laver le réfrigérateur. Il n'avait pas bu d'eau et n'avait pas ressenti la chaleur ambiante. «Je n'ai pas chaud... il ne fait pas chaud. Pourquoi prendre une pause?», a-t-il demandé, sourire en coin.

Gilles Vinet, 53 ans, était assis sur son canapé, devant un ventilateur. Il suivait pour sa part à la lettre les mesures de sécurité: «Elles m'ont dit de rester tranquille et de boire de l'eau... j'écoute», a-t-il dit, les yeux pétillants et fier de montrer sa bouteille aux visiteurs.

L'état d'urgence canicule sera maintenu jusqu'à nouvel ordre à l'Institut universitaire en santé mentale Douglas. En 2010, lors de la grosse vague de chaleur, 18 décès avaient été recensés chez cette clientèle.