Entre la science et la pression de certains citoyens, Réjean Hébert hésite. Le ministre de la Santé se range derrière l'analyse du Directeur de la santé publique, qui démontre à l'aide d'une recension d'études que la fluoration de l'eau serait souhaitable pour diminuer les caries chez les moins fortunés et ne pose pas de risques significatifs pour la santé ou l'environnement.

Mais il pourrait renoncer à cette mesure à cause du lobbying de militants comme la Coalition Eau secours et une pétition signée par 4000 Québécois . «Il faut constater qu'il y a un problème d'acceptabilité sociale, un problème de blocage», a indiqué M. Hébert mercredi matin à l'entrée du conseil des ministres.  

«C'est une mesure reconnue au plan scientifique comme étant efficace, a-t-il poursuivi. Mais sur le plan de l'acceptabilité sociale, particulièrement au Québec, c'est une mesure difficile à implanter.»

L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)  est en faveur de la fluoration.  À son initiative, les municipalités de 5000 habitants et plus peuvent fluorer de l'eau et envoyer la facture à Québec. Moins de 3% des Québécois boivent de l'eau fluorée. L'INSPQ voudrait faire passer cette proportion à 50%.

Dans son programme, le Parti québécois proposait pourtant d'interdire la fluoration. Il a tenu une commission parlementaire en avril pour examiner la question. L'exercice a conclu que la fluoration est souhaitable, mais controversée auprès de certains citoyens. Parmi les cinq recommandations de la commission: maintenir le programme de fluoration sans le rendre obligatoire et diffuser les connaissances scientifiques pour mieux informer la population.

«Les perceptions négatives sont exagérées, a tenu à rappeler le ministre Hébert. L'ensemble des études montre que la fluoration de l'eau n'a pas d'effets néfastes sur la santé et sur l'environnement, et a des effets bénéfiques sur la carie dentaire, surtout chez les enfants venant de milieux défavorisés.»

Mais avant de trancher, il veut «faire le point» avec la Direction de santé publique. «Il faut examiner si on a une stratégie pour essayer de contrer  cette réaction négative, ou si on utilise un autre moyen pour arriver à nos fins, soit de diminuer la carie dentaire», poursuit-il.

Le Dr Horacio Arruda, Directeur de la santé publique, croit qu'il faut «réagir à la désinformation». Mais si une telle campagne coûte trop cher, d'autres choix seront envisagés, comme la fluoration de certains produits alimentaires. Par exemple, la France fluore le sel, une solution qui pourrait intéresser Québec.