Conséquence directe des compressions de 100 millions de dollars imposées à l'agence de la santé à Montréal, l'Institut Philippe-Pinel se voit obligé de fermer temporairement son unité pour adolescents dangereux en traitement psychiatrique, en plus d'abolir définitivement son unité de transition qui favorisait la réinsertion sociale des patients à la fin de leur traitement.

La nouvelle est tombée comme un coup de massue lorsqu'elle a été annoncée aux employés jeudi, a appris La Presse. Outre les emplois menacés, certains s'inquiètent du sort de leurs patients. Pinel possède une expertise de pointe et accueille les individus en traitement psychiatrique les plus dangereux du Québec. L'Institut a notamment traité le cardiologue Guy Turcotte lorsque celui-ci a été jugé non criminellement responsable de la mort de ses enfants pour cause de troubles mentaux.

«Ce n'est pas contre l'employeur que nous sommes fâchés, ce n'est pas lui qui a choisi d'avoir des coupes. C'est au niveau politique que ça s'est décidé et c'est là qu'il va falloir faire des démarches», indique Steve Marcotte, président du syndicat.

Une activité moins payante

L'unité de transition sera fermée définitivement d'ici novembre prochain, confirme la porte-parole de l'Institut, Julie Benjamin. L'unité disposait de 20 lits pour des patients en fin de séjour ou des patients provenant d'autres centres de traitement afin de les préparer au grand retour dans la société.

Ses locaux seront rénovés pour en faire une unité d'expertise, une activité plus payante pour l'établissement.

Quant à l'unité pour adolescents, qui offre des traitements à des patients de 14 à 18 ans aux prises avec des problèmes psychiatriques sévères associés à des comportements violents, y compris la délinquance sexuelle, elle sera fermée temporairement pour six mois, du 30 juin au 26 janvier prochain, confirme Mme Benjamin. Elle devrait rouvrir par la suite.

Les 14 adolescents qui y séjournent actuellement devront être pris en charge d'ici là par les centres jeunesse. «Cette mesure permettra de répondre aux compressions budgétaires», explique Mme Benjamin.

Questions sans réponse

Le syndicat et la direction ne s'entendent pas sur le nombre d'emplois touchés. Chaque unité compte environ 25 postes, dont certains étaient vacants au moment de l'annonce.

Le syndicat s'est rendu à la réunion du conseil d'administration de l'Institut, qui se tenait au chic hôtel Saint-James cette semaine, pour poser des questions à ce sujet, sans obtenir les garanties qu'il espérait, notamment quant au nombre de cadres en place dans l'établissement.