Les employés du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) accusent la direction de l'hôpital de «manquer de transparence» dans sa gestion de la crise budgétaire qui secoue l'établissement depuis le mois de décembre. Des médecins, des représentants syndicaux et des employés ont vertement critiqué, lundi, le peu d'information qui a filtré sur l'élaboration du plan de compressions de 50 millions qui devra être déposé au gouvernement le 15 mars - sans quoi l'établissement pourrait être placé en tutelle.

Environ 300 personnes ont assisté à une séance du conseil d'administration de l'hôpital, lundi soir, afin d'exprimer leur mécontentement. Une «déclaration commune» appuyée par les trois syndicats de l'hôpital y a été déposée.

«Depuis l'entrée en fonction du présent conseil d'administration, le CUSM a rencontré de nombreuses crises qui ont toutes été niées, minimisées, inexpliquées ou carrément ignorées», peut-on y lire. «Nous vous demandons donc de mettre immédiatement en place un processus de budgétisation ouvert et transparent.»

La direction du CUSM est actuellement sur la sellette: elle doit retrancher 50 millions dans ses dépenses d'ici 10 jours afin d'éviter d'enregistrer l'an prochain un déficit de 115 millions, le pire de l'histoire de tous les hôpitaux du Québec. Or, seulement 28 millions ont été ciblés jusqu'à présent.

Cette demande du gouvernement suit le dépôt du rapport Baron, en décembre. L'exercice de vérification a notamment levé le voile sur une augmentation injustifiable des heures rémunérées par rapport à la quantité de soins prodigués. Depuis, le CUSM a été placé en quasi-tutelle avec la nomination d'un accompagnateur spécial, envoyé par le gouvernement pour aider l'institution à assainir sa gouvernance.

Présentée aux syndicats

Une partie du plan de compressions a été présentée au compte-gouttes aux trois syndicats qui représentent les employés.

«Il est possible de faire des économies sans endommager de façon irrémédiable la mission de l'hôpital dans son rôle de pourvoyeur de soins aux malades. Pour ce faire, il est essentiel que tous les intervenants participent à l'élaboration d'un exercice budgétaire bien planifié et structuré. Cela est aux antipodes de l'approche privilégiée par le présent conseil qui ignore la communication et la consultation», ajoute la déclaration.

Le sort de l'hôpitalde Lachine bientôt fixé

Le sort de l'hôpital de Lachine, que le ministre de la Santé Réjean Hébert voulait retirer du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) pour en confier la gestion au CSSS Dorval-Lachine, sera bientôt fixé. Le grand patron du CUSM, Normand Rinfret, a déclaré hier soir qu'il s'attendait à recevoir le verdict du gouvernement sur la question cette semaine. En janvier, l'agence de la santé et des services sociaux a demandé au Dr Richard Lemieux de déposer une série de recommandations sur l'avenir de l'hôpital et sur les services de santé qui devraient y être offerts. Sa nomination a fait suite à une véritable levée de boucliers de la part des élus de l'ouest de l'île et des médecins de l'hôpital, qui veulent à tout prix éviter que la gestion de l'hôpital ne retombe entre les mains du CSSS - un scénario qui s'est avéré «cauchemardesque» au milieu des années 2000, affirment-ils. À l'époque, les urgences et les soins intensifs avaient été fermés. On craint aujourd'hui que l'hôpital ne devienne une simple clinique ambulatoire. Près de 10 000 citoyens ont d'ailleurs signé une pétition pour que l'hôpital de Lachine reste au sein du CUSM.